Ce que les prédicateurs peuvent (et devraient) apprendre de Charles Simeon (1759-1836)

Prédication et enseignement

Abstenez-vous de devenir prédicateur si vous n’avez pas intégré ces deux convictions vitales de Charles Simeon, un prédicateur anglais de la fin du dix-huitième et du début du dix-neuvième siècle.

Charles Simeon (1759-1836) fut prédicateur pendant cinquante-quatre ans à l’Église de Holy Trinity Church à Cambridge, en Angleterre. On considère que, dans l’Angleterre de son temps, il replaça la Bible au centre de la vie de l’Église.

Voici deux convictions qui se trouvaient au cœur du ministère de Charles Simeon. Elles devraient également orienter tout ministère de prédication digne de ce nom aujourd’hui.

1. Le prédicateur est « contraint » par l’Écriture

Le prédicateur n’est tout simplement pas libre de « dire ce qu’il veut », ni même de fonder son ministère sur « ce (qu’il pense) que Dieu lui a mis à cœur ». En réalité, quand il commence sa préparation, il doit se soumettre entièrement aux vérités bibliques qui se trouvent objectivement dans le texte qu’il s’apprête à présenter à ses auditeurs.

En un mot, le prédicateur qui prend sa tâche au sérieux est « contraint » de se mettre au service d’un message extérieur à lui – au service du Dieu qui a inspiré la Bible. Dans un premier temps, il a la responsabilité de découvrir ce message qui vient de Dieu (c’est parfois un dur labeur!). Ensuite, sa vocation est de le transmettre fidèlement, en évitant toute « distorsion » qui compliquerait la diffusion du message et embrouillerait les auditeurs (y compris la distorsion qui émanerait de sa propre personnalité).

Dans ce sens, Simeon croyait qu’une explication simple et claire de la Bible contribue à la santé et au bonheur d’une Église. C’est l’explication textuelle de la Bible qui édifie le plus l’Église (Helm p. 18).

Tout le ministère de Simeon fut la démonstration de cette conviction inébranlable:

Pendant cinquante-quatre ans, en tant que pasteur de l’Église de Holy Trinity Church, à Cambridge, en Angleterre, il s’est donné sans relâche à la primauté de la prédication. Semaine après semaine, année après année, décennie après décennie, il s’est tenu devant son Église pour exposer la Parole de Dieu avec puissance, simplicité et clarté.

Helm, p. 18

Voici comment Charles Simeon exprimait lui-même cette conviction:

Mon devoir est de faire ressortir de l’Écriture ce qu’elle renferme et non d’imposer au texte ce qui, selon moi, pourrait s’y trouver. Je suis très exclusif à cet égard: ne jamais dire ni plus ni moins que ce que je crois être la pensée de l’Esprit dans le passage que je suis en train d’exposer.

Handley Carr Glyn Moule, Charles Simeon, Londres, Methuen & Co., 1892, p. 97. Cité par Helm, p. 18.

En d’autres termes, « pour M. Simeon, le prédicateur avait le devoir de coller au texte. Cet homme de Dieu était déterminé à demeurer fidèle au texte, sans jamais lui faire dire plus qu’il ne disait ni minimiser le texte en diminuant sa force ou sa richesse » (Helm, p. 18-19).

Malheureusement, une telle attitude est rare parmi les prédicateurs d’aujourd’hui. Comme l’affirme David Helm:

Cette conviction, cette contrainte qui est preuve de maturité, fait souvent défaut à ceux qui prêchent la Parole de Dieu de nos jours. Franchement, c’est ce qui ruine tant de nos Églises, même celles qui ont une doctrine saine. Ce que l’on pense être une fidèle prédication biblique rate en réalité totalement la cible pour avoir refusé cette contrainte.

Helm, p. 19

2. Les trois objectifs de la prédication

La seconde conviction de Charles Simeon mise en valeur par Helm apparaît dans une citation de Simeon, bien connue dans les milieux anglo-saxons. Voici, en peu de mots, les objectifs de la prédication:

Rendre humble le pécheur;

Exalter le Sauveur;

Promouvoir la sainteté.

Charles Simeon, Horae Homileticae, Grand Rapids, Mich., Zondervan, 1847, p. xxi. Cité par Helm, p. 19

Helm explique ainsi ces trois objectifs formulés par Simeon:

On ne saurait être plus précis que cela. Ces objectifs devraient nous guider aujourd’hui. Notre monde, comme celui de M. Simeon, a désespérément besoin de savoir à quel point l’humanité est déchue, à quel point Jésus-Christ est élevé, et ce que Dieu exige de son peuple. La meilleure et la seule façon d’aider ce monde consiste à exprimer les paroles de Dieu dans la puissance de l’Esprit.

Helm, p. 19-20

Application

  1. Si vous êtes prédicateur, réfléchissez à ces questions en implorant le secours de Dieu:
    • Quand je prêche, suis-je « contraint » par le contenu du texte biblique, ou suis-je animé exclusivement par l’envie de communiquer « ce que j’ai à cœur » pour l’Église et pour l’auditoire présent?
    • Ma prédication met-elle régulièrement en avant le péché et la déchéance de l’humanité? La gloire et la suffisance de Christ? Le style de vie « saint » que Dieu exige de son peuple, aussi bien dans le Nouveau Testament que dans l’Ancien Testament?
  2. Si vous n’êtes pas prédicateur, priez pour vos prédicateurs! Faites-le par exemple de cette manière.

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Dominique Angers

Doyen de la Faculté de Théologie Évangélique à Montréal (Université Acadia), Dominique Angers y est aussi professeur de Nouveau Testament et de prédication. Docteur en théologie de l’Université de Strasbourg, il s’exprime régulièrement sur son podcast vidéo d’enseignement biblique, “Parle-moi maintenant”. Il est l’auteur du livre La méditation biblique à l’ère du numérique et du Commentaire biblique Parle-moi maintenant par Éphésiens. Son prochain commentaire, Parle-moi maintenant par Marc, paraîtra chez BLF.

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Orateurs

D. Angers