L’Évangile qui donne des ailes

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La différence entre la Loi et l'Évangile se résume en partie par la métaphore des ailes.

Dans le Nouveau Testament, l’alliance conclue entre Dieu et Israël au mont Sinaï, à l’époque de Moïse, est appelée l’ancienne alliance (2Co 3.14; Hé 8.13). Au cœur de cette alliance se trouve la Loi de Moïse. Jésus, pour sa part, est venu inaugurer une nouvelle alliance (Lc 22.20; 2Co 3.6; Hé 8.13).

Quelle est la différence entre ces deux alliances (l’ancienne et la nouvelle)? Si la question est fort complexe, et si elle n’a pas fini de faire couler beaucoup d’encre, un magnifique poème apporte quelques éléments de réponse fondamentaux et fiables.

Ce poème est parfois attribué à John Bunyan (1628-1688), l’auteur du Voyage du pèlerin. Charles Spurgeon l’associait quant à lui à John Berridge (1716-1793)[1]. Peu importe sa provenance exacte, son caractère pédagogique nous invite à le méditer, voire à la mémoriser.

Je le cite ici d’après sa traduction dans le livre À l’école de la grâce (p. 112)[2], que j’ai eu l’occasion de présenter dans un billet.

Cours, John, cours. La Loi l’ordonne

Mais ni pieds ni mains elle ne donne.

L’Évangile apporte une bien meilleure nouvelle:

Il m’ordonne de voler et me donne des ailes.

Que retenir de la comparaison qui structure ces vers?

Une différence dans les exigences

La Loi de Moïse est certes exigeante; elle ordonne au peuple d’Israël de « courir ». Les exhortations découlant de l’Évangile, toutefois, mettent la barre encore plus haut: elles nous invitent à prendre de l’altitude et à « voler ». Même si les exigences de la Loi sinaïtique visent clairement le cœur (Dt 6.5-6), les exigences de la nouvelle alliance sont souvent plus élevées (voir par exemple Mt 5.21-22, 48; 7.12; Ép 4.29). En effet, ces dernières, résumées commodément par l’expression « la loi de Christ » (en 1Co 9.21 et en Ga 6.2), représentent l’aboutissement (l' “accomplissement”) d’une vaste trajectoire biblique.

Une différence dans les ressources

Surtout, c’est dans le registre des ressources disponibles pour les croyants que l’écart se creuse. En fait, un véritable fossé apparaît. Alors que la Loi ne procurait « ni pieds ni mains », l’Évangile « me donne des ailes ».

Qu’est-ce que cela signifie au juste?

Alors que l’obéissance aux commandements de la Loi mosaïque était perpétuellement hors de portée pour les Israélites –en raison de l’absence de transformation du cœur–, avec Christ, l’obéissance devient possible, car il en donne la capacité.

En effet, il nous a fait naître de nouveau et d’en haut (Jn 3.3), a gravé la loi de Dieu sur notre cœur (Hé 8.10) et nous a donné son Esprit (Ac 2.1-47). Or « le fruit de l’Esprit, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, l’amabilité, la bonté, la fidélité, la douceur, la maîtrise de soi » (Ga 5.22-23a). La métaphore du « fruit » indique que l’Esprit produit lui-même toutes ces vertus en nous.

Enfin, par la grâce de Dieu, –et non pas parce que les chrétiens (d’origine juive et non juive) seraient meilleurs que les Israélites d’antan–, l’obéissance à Dieu devient possible!

1. D’après Jason C. Meyer, The End of the Law: Mosaic Covenant in Pauline Theology, Nashville, B&H Academic, 2009, p. 2, note 2.
2. Avec de légères modifications.


Dominique Angers

Doyen de la Faculté de Théologie Évangélique à Montréal (Université Acadia), Dominique Angers y est aussi professeur de Nouveau Testament et de prédication. Docteur en théologie de l’Université de Strasbourg, il s’exprime régulièrement sur son podcast vidéo d’enseignement biblique, “Parle-moi maintenant”. Il est l’auteur du livre La méditation biblique à l’ère du numérique et du Commentaire biblique Parle-moi maintenant par Éphésiens. Son prochain commentaire, Parle-moi maintenant par Marc, paraîtra chez BLF.

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