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Jésus est la résurrection et la vie (Jean 11.1-44)

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Publié le

23 mars 2021

Dans cet article, vous trouverez une version écrite et un enregistrement audio de ma prédication sur Jean 11.1-44 (sur la résurrection de Lazare). Ce texte pivot de l'Évangile selon Jean révèle que Jésus peut à la fois garantir notre avenir et transformer notre présent.

N.B. Dans ce qui suit, le style oral est conservé. Certaines illustrations utilisées dans ce sermon ne sont pas retranscrites. L’enregistrement audio est donc plus complet que le texte qui suit.

Parcourir Jean de sommet en sommet

Dans notre parcours de l’Évangile selon Jean, nous parvenons au chapitre 11. J’espère que vous n’avez pas le vertige, car nous allons atteindre un sommet situé à une altitude impressionnante. Nous allons assister à la résurrection d’un ami de Jésus qui s’appelait Lazare. Après quatre jours dans le tombeau, Jésus l’a ramené à la vie.

Notre série sur Jean est un peu comme une randonnée dans les Alpes. Dans cette chaîne de montagnes, il y a plusieurs sommets. Aujourd’hui, nous atteignons le plus haut sommet de la première partie du livre.

On peut diviser l’Évangile selon Jean en deux grandes parties:

  • le Livre des signes (jusqu’à la fin du chapitre 12), où Jean nous présente sept signes qui indiquent que Jésus est bel et bien le Messie, le Fils de Dieu. Un signe, c’est un panneau indicateur qui pointe dans une direction, qui oriente les lecteurs. Pourquoi ces sept signes (qui sont surtout des miracles, des signes miraculeux)? Pour que les lecteurs mettent leur confiance en Jésus, et qu’en croyant, ils possèdent la vie (d’après Jean 20.30-31). Pourquoi peut-on dire que l’épisode de Lazare est un « sommet »? Parce que ce texte présente le septième signe sur sept. C’est le panneau indicateur le plus grand, le plus voyant, vous ne pouvez pas le rater!
  • La deuxième partie de l’Évangile selon Jean, ce sera le Livre de la gloire (à partir du chapitre 13), où l’accent sera mis sur la passion et sur la résurrection du Messie. La croix et la résurrection, ce seront les deux plus hauts sommets de Jean, c’est le summum!

Mais déjà, ici, au sommet le plus élevé du Livre des signes, la vue est à couper le souffle. Notre texte ne peut pas laisser indifférent et je pense qu’il vous fera réagir.

Dans le cadre du signe ultime (le septième), Jésus fait une déclaration qui commence par les mots « je suis ». À plusieurs reprises dans Jean, Jésus dit « je suis… »: je suis le pain de vie, je suis la lumière du monde, je suis le bon berger, et ainsi de suite.

Que dit-il dans notre texte? « Je suis la résurrection et la vie. » C’est le message central de notre passage. Et Jésus ne dit pas deux fois la même chose, comme s’il affirmait: « je suis la résurrection, [autrement dit, je suis] la vie ». Non, dire « je suis la résurrection » et dire « je suis la vie », ce n’est pas exactement pareil. Ce sont deux déclarations complémentaires. L’une garantit notre avenir, l’autre transforme notre présent.

Aborder la mort…

Si notre texte est si frappant, c’est aussi parce qu’il aborde de front un sujet troublant: la mort. On ne sait plus comment envisager la mort aujourd’hui. Pour certains, c’est un sujet tabou. Pour d’autres, c’est une source d’angoisse terrible. Pour d’autres encore, c’est quelque chose de tout à fait banal qui ne les effraie pas du tout et qui fait partie de la vie.

Vous avez peut-être entendu parler du « Salon de la mort » ici à Montréal en novembre dernier. L’idée des kiosques et des ateliers, c’est d’aider la population à « apprivoiser la mort ».

Mais ce qu’il faut dire d’entrée de jeu, c’est que dans l’univers biblique, la mort n’est pas quelque chose de naturel ni de joli. C’est une conséquence de l’intrusion du mal dans le monde. La mort est même appelée notre ennemie. Elle n’est pas une réalité à apprivoiser, c’est plutôt un ennemi à vaincre. En lisant notre passage, nous nous retrouverons devant le vainqueur!

Jean: à la fois simple et profond

Jean est simple, mais profond. Il nous dit toujours plus qu’il n’y paraît au premier abord. Comme on dit en anglais: There’s more than meets the eye. Notre texte affirme plus qu’il n’y paraît. C’est la raison pour laquelle je vais structurer cet enseignement autour de cette idée qu’il y a « toujours plus » qu’on le pense dans ce récit.

1. Plus qu’un décès (Jean 11.1-6)

Il est certes question d’un décès, mais il y a plus que cela: il y a une intention divine.

1Dans le village de Béthanie vivaient deux sœurs, Marthe et Marie, ainsi que leur frère Lazare.

2Marie était cette femme qui, après avoir répandu une huile parfumée sur les pieds du Seigneur, les lui avait essuyés avec ses cheveux. Lazare, son frère, tomba malade. 3Les deux sœurs envoyèrent donc quelqu’un à Jésus pour lui faire dire: Seigneur, ton ami est malade.

Jésus avait des amis, dont cette famille de Béthanie (un village tout près de Jérusalem). Deux sœurs et un frère: Marthe et Marie, et leur frère Lazare.

Jésus a vécu des situations concrètes que nous avons tous connues, y compris des malheurs. Ici, les deux sœurs envoient quelqu’un dire à Jésus que son ami Lazare est malade. Et ce n’est pas un petit rhume, c’est très grave.

Où se trouve Jésus? Les spécialistes en débattent, mais il est sans doute dans la région de la Batanée, à environ 150 km au nord-est de Jérusalem, à quatre jours de marche.

4Quand Jésus apprit la nouvelle, il dit: Cette maladie n’aboutira pas à la mort, elle servira à glorifier Dieu; elle sera une occasion pour faire apparaître la gloire du Fils de Dieu.

Jésus partageait notre condition humaine. Mais il avait aussi une connexion unique avec Dieu, son Père. Dans cette situation, Dieu avait indiqué à Jésus pourquoi Lazare était malade, et ce qu’il (Dieu) allait faire. Voilà pourquoi Jésus n’a pas été terrassé par la triste nouvelle. Il connaissait par avance la suite des événements.

Jésus savait trois choses:

  • que la maladie de Lazare ne se terminerait pas par une mort finale et irréversible
  • que cette maladie servirait à glorifier Dieu
  • que la situation montrerait non seulement la gloire de Dieu, mais aussi la gloire du Fils de Dieu, celle de Jésus.

Contrairement à Jésus, quand le malheur frappe dans notre vie ou autour de nous, nous n’avons pas accès aux raisons ni aux explications (en général). Pourquoi cette difficulté? Pourquoi cette maladie? Pourquoi cette souffrance? Pourtant, l’enseignement biblique est clair: Dieu a ses raisons que notre raison ne connaît pas toujours (pour paraphraser Blaise Pascal). Même quand nous n’avons pas accès au pourquoi, il y a toujours un objectif divin qui est bon. Dieu ne fait rien pour rien, il ne gaspille aucune de nos épreuves. Le défi, c’est de lui faire confiance même quand il ne nous révèle pas ce qu’il est en train d’accomplir.

Cette réponse de Jésus (grosso modo: « tout ceci manifestera la gloire de Dieu »), c’est le genre d’affirmation qui peut donner l’impression que Jésus manque de sympathie. Or, Jean veut tout de suite nous empêcher de penser cela, car ce n’est pas du tout le cas.

5Or Jésus était très attaché à Marthe, à sa sœur et à Lazare. 6Après avoir appris qu’il était malade, il resta encore deux jours à l’endroit où il se trouvait.

Non, Jésus ne manque pas de compassion. Au contraire, il aime cette famille de tout son cœur et il ressent la douleur de Marthe et de Marie.

Vous vous dites peut-être: « Mais alors pourquoi ne se rend-il pas sans tarder à Béthanie pour soutenir ses amis, et peut-être aussi pour intervenir, par exemple en guérissant Lazare? » C’est vraiment étrange: d’après le verset 6, le fait qu’il reste encore deux jours à 150 km de Béthanie est censé être une preuve de son amour pour cette famille. D’habitude, on dit: « loin des yeux, loin du cœur ». Mais ici, c’est « loin des yeux, près du cœur »! Pour l’instant, tout cela reste quelque peu mystérieux, mais nous y verrons plus clair dans quelques minutes.

Qu’avons-nous vu dans avec ce premier point? « Plus qu’un décès »: cette situation glorifiera Dieu et le Fils de Dieu.

2. Plus qu’un geste d’amour (Jean 11.7-16)

Dans les versets 7-16, Jésus pose un geste d’amour: il se rend à Béthanie, où se trouve la famille endeuillée. Mais ce qui est décrit dans ces versets, c’est beaucoup plus que cela. Pourquoi? Parce que Jésus risque gros en retournant dans la région de la Judée – et il le sait.

7Puis il dit à ses disciples: Retournons en Judée.

Pourquoi une telle décision?

  • Au verset 6, Jésus choisit de rester deux jours supplémentaires en Batanée (à 150 km de Jérusalem).
  • Au verset 7, il décide de quitter la Batanée pour se rendre en Judée (à Béthanie, près de Jérusalem).

Pourquoi ce changement de cap? Parce qu’il s’est passé quelque chose de tragique entre le verset 6 et le verset 7: Lazare est mort. Maintenant qu’il est mort, il faut y aller. Le voyage sera long: quatre jours de marche.

Si je vous dis que ce voyage, c’est plus qu’un geste d’amour de Jésus pour Lazare et sa famille, c’est parce que ce retour de Jésus en Judée débouchera, dans la suite de Jean, sur son arrestation et son exécution.

Les versets 7-16 présentent donc bien davantage qu’un geste d’amour: c’est le sacrifice d’une vie qui se joue. Jésus sait ce qui l’attend à Jérusalem, en Judée.

D’ailleurs, les disciples commencent à flairer l’épreuve qui se prépare.

8– Maître, lui dirent-ils, il n’y a pas si longtemps, ceux de la Judée voulaient te lapider, et maintenant tu veux retourner là-bas?

9– N’y a-t-il pas douze heures dans une journée? répondit Jésus. Si l’on marche pendant qu’il fait jour, on ne bute pas contre les obstacles, parce qu’on voit clair. 10Mais si l’on marche de nuit, on trébuche parce qu’il n’y a pas de lumière.

Jésus sait que son heure approche. Il emploie ici la métaphore du jour et de la nuit.

  • La clarté du jour, c’est le temps de la mission de Jésus, qui n’est pas encore achevée.
  • L’obscurité de la nuit, c’est la période qui s’ouvrira avec  le départ de Jésus.

Pour l’instant, Jésus doit poursuivre sa mission jusqu’au bout (« pendant qu’il fait jour »), même s’il se rapproche des obstacles et de l’épreuve de la Passion.

11Après avoir dit cela, il ajouta: Notre ami Lazare s’est endormi; je vais aller le réveiller.

12Sur quoi les disciples lui dirent: Seigneur, s’il dort, il est en voie de guérison.

13En fait, Jésus voulait dire que Lazare était mort, mais les disciples avaient compris qu’il parlait du sommeil ordinaire. 14Alors il leur dit clairement: Lazare est mort, 15et je suis heureux, à cause de vous, de n’avoir pas été là-bas à ce moment-là. Car cela contribuera à votre foi. Mais maintenant, allons auprès de lui.

Souvent dans Jean, les disciples ne savent pas s’ils doivent comprendre les paroles de Jésus au pied de la lettre ou si Jésus emploie un langage figuré. C’est la raison pour laquelle Jésus dit clairement que Lazare est mort (Dieu le lui a révélé de façon surnaturelle).

Ce qu’il ajoute au verset 15 va dans le sens de l’intention divine dont nous avons parlé au point précédent (rien n’arrive pour rien).

15et je suis heureux, à cause de vous, de n’avoir pas été là-bas à ce moment-là. Car cela contribuera à votre foi.

Jésus se soucie non seulement de Marthe et de Marie, il a aussi à cœur le progrès spirituel de ses disciples. Ce qu’il s’apprête à faire renforcera leur foi.

Maintenant Thomas. L’histoire se souvient de lui comme du disciple incrédule, qui devait absolument voir pour croire. Mais le verset 16 crée un petit changement de paradigme plutôt à l’avantage de Thomas. En effet, dans cette situation, Thomas est le disciple qui manifeste le plus grand courage.

16Thomas, surnommé le Jumeau, dit alors aux autres disciples: Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui.

Certes, Thomas ne comprend pas tout ce que Jésus vient de dire (les autres non plus d’ailleurs). Mais il saisit que Jésus risque la mort en Judée. Or, en tant que disciple associé publiquement à Jésus, il est prêt à mourir avec son maître. Jusqu’à quel point sommes-nous attachés à Jésus et prêts à souffrir pour lui?

Quand Jésus part pour la Judée, ce n’est pas pour assister à des funérailles par politesse. C’est pour offrir sa vie. Comme l’a dit Jean-Baptiste en Jean 1.29, il est « l’Agneau de Dieu, celui qui enlève le péché du monde ». Ses disciples seront aussi appelés à sacrifier leur vie pour répandre la Bonne Nouvelle. Thomas n’a donc pas tort. Certains d’entre eux mourront en martyrs. C’est toujours le cas aujourd’hui pour de nombreux chrétiens dans plusieurs régions du monde.

3. Plus qu’un Messie (Jean 11.17-27)

Oui, Jésus est le Messie, mais il est bien plus qu’un Messie tel qu’on l’attendait à l’époque. Il est plus grand que le Messie que Marthe a à l’esprit.

17A son arrivée, Jésus apprit qu’on avait enseveli Lazare depuis quatre jours déjà.

Ceci qui confirme la reconstruction historique que je vous ai proposée. Jésus a attendu que Lazare meure avant de quitter la Batanée. Puis, le voyage a duré quatre jours (nous reviendrons sur l’importance de ces quatre jours).

Dans les versets 18-19, nous apprenons que beaucoup de gens sont venus de Jérusalem pour consoler Marthe et Marie.

Ensuite, Marthe se retrouve sur le devant de la scène.

20Quand Marthe apprit que Jésus approchait du village, elle alla à sa rencontre. Marie, elle, resta à la maison.

21Marthe dit à Jésus: Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. 22Mais je sais que maintenant encore, tout ce que tu demanderas à Dieu, il te l’accordera.

Marthe est convaincue que Jésus aurait pu guérir Lazare miraculeusement. Mais là, c’est trop tard, Lazare est mort. Remarquez que malgré cet « échec » (qui tout de même coûte très cher à Marthe, qui vient de perdre son frère), Marthe ne perd pas confiance en Jésus. Ce n’est pas un reproche qu’elle lui fait, elle lui exprime simplement sa douleur. Elle sait que Jésus continuera d’avoir la faveur de Dieu et d’opérer des guérisons.

Souvent, il nous en faut beaucoup moins que cela pour perdre confiance en Jésus. Marthe est donc exemplaire! En même temps, ne surestimons pas sa foi: au verset 22, elle n’imagine pas que Jésus ressuscitera Lazare (le texte est quelque peu ambigu). La suite du récit empêche de comprendre sa parole dans ce sens.

23– Ton frère ressuscitera, lui dit Jésus.

24– Je sais bien, répondit Marthe, qu’il reviendra à la vie au dernier jour, lors de la résurrection.

25– Moi, je suis la résurrection et la vie, lui dit Jésus. Celui qui place toute sa confiance en moi vivra, même s’il meurt. 26Et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela?

27– Oui, Seigneur, lui répondit-elle, je crois que tu es le Messie, le Fils de Dieu, celui qui devait venir dans le monde.

Marthe comprend et croit que Jésus est le Messie, le libérateur d’Israël. C’est déjà pas mal. Mais sa vision des choses s’arrête là. Quand Jésus lui parle d’une résurrection pour Lazare (« ton frère ressuscitera »), elle exprime la conviction de beaucoup de Juifs de l’époque: à la fin des temps (à la fin de l’histoire humaine, lors du jugement dernier), les justes ressusciteront. Leurs corps reprendront vie et ils vivront pour toujours dans le royaume de Dieu. Marthe a cette espérance pour son frère Lazare. Mais Jésus a autre chose en tête pour Lazare, de plus immédiat.

Qu’est-ce que Jésus veut dire au juste quand il déclare: « je suis la résurrection et la vie »? Comme je l’ai suggéré au début, ce sont deux aspects distincts (même s’ils sont liés): la résurrection et la vie. Par chance, Jésus lui-même décrypte les deux affirmations.

À la fin du verset 25, il explique « je suis la résurrection ». Au v. 26, il explique « je suis la vie ».

« Je suis la résurrection », qu’est-ce que cela signifie? Fin du verset 25: « Celui qui place toute sa confiance en moi vivra, même s’il meurt. » Voilà une police d’assurance que vous voulez posséder! La personne croyante qui fait face à la mort peut y aller avec une confiance totale. Celui qui compte sur Jésus a un avenir assuré dans l’au-delà: la mort ne sera qu’un passage, qu’un moment sombre à traverser. Après la mort, à la fin de l’histoire humaine, Jésus lui-même ressuscitera le corps de celles et ceux qui lui auront fait confiance.

Ensuite: « Je suis la vie », qu’est-ce que cela veut dire? Verset 26: « quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais ».  Cela paraît bizarre parce que Jésus vient de dire que nous allons mourir. Or ici, il affirme que certaines personnes ne mourront jamais.

Quand Jésus dit « quiconque vit », il ne parle pas simplement de la vie physique. Il parle de la vie de l’Esprit, de la vie éternelle, qui est de connaître Dieu (c’est ce que dit Jésus ailleurs). C’est une vie disponible tout de suite, aujourd’hui.

Quiconque a reçu cette vie de l’Esprit et croit en Jésus (les deux vont de pair), c’est-à-dire tout chrétien, « ne mourra jamais ». Cette fois, Jésus ne parle pas de la mort physique (qui arrivera, bien sûr). Mais parce que les chrétiens ont déjà la vie éternelle (la vie qui émane d’une relation vivante avec Dieu et avec le Fils de Dieu), Jésus peut déclarer qu’ils vivront à jamais de cette vie-là. Ils ne mourront jamais, c’est-à-dire qu’ils ne seront jamais privés de cette vie éternelle. Oui, notre corps mourra (temporairement), mais ce ne sera pas une « mort totale », puisque la vie de l’Esprit en nous ne s’arrêtera jamais!

Le grand changement, les chrétiens l’ont vécu quand ils ont cru en Jésus et ont reçu la vie éternelle. La mort physique, ce sera un tout petit changement en comparaison. Très vite, les chrétiens retrouveront un nouveau corps (lors de la résurrection finale).

« Marthe, est-ce que tu comprends que la résurrection et la vie se trouvent à un seul endroit: en Jésus! »

  • Il est la résurrection: c’est grâce à lui que nous ressusciterons à la fin des temps.
  • Il est la vie: dès aujourd’hui, nous pouvons recevoir la vie éternelle, qui se prolongera à jamais.

4. Plus qu’une tristesse (Jean 11.28-37)

Je vais simplement résumer ces versets. C’est maintenant Marie qui vient trouver Jésus. Son attitude est la même que celle de Marthe: elle ne fait aucun reproche à Jésus, mais elle exprime qu’elle aurait bien aimé que Jésus soit présent avant la mort de Lazare pour pouvoir le guérir. C’est dans cette partie qu’on retrouve le fameux verset le plus court de toute la Bible: « Jésus pleura » (Jean 11.35). Mais n’oublions pas que Jésus sait ce qu’il s’apprête à faire. S’il est triste, ce n’est donc pas parce qu’il a perdu son ami Lazare.

En fait, Jésus exprime plus qu’une tristesse: il exprime son indignation.

33En la voyant pleurer, elle et ceux qui l’accompagnaient, Jésus fut profondément indigné et ému.

Pourquoi Jésus est-t-il indigné? Difficile à dire. Peut-être pour deux raisons:

  • Il est indigné face à la mort et à ses ravages (il sait que la mort est causée par la rébellion de l’humanité contre Dieu).
  • Il est sans doute indigné aussi par l’incrédulité des gens présents, qui manquent de foi en Dieu et en lui.

Maintenant, le dénouement de l’épisode:

5. Plus qu’une résurrection (Jean 11.38-44)

38Une fois de plus, Jésus fut profondément bouleversé. Il arriva au tombeau. C’était une grotte dont l’entrée était fermée par une pierre.

39– Enlevez la pierre, dit Jésus .Marthe, la sœur du mort, dit alors: Seigneur, il doit déjà sentir. Cela fait quatre jours qu’il est là.

40Jésus lui répondit: Ne t’ai-je pas dit: Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu?

Vous savez pourquoi Jésus a attendu que Lazare meure avant de venir à Béthanie? Parce qu’il savait que le voyage durerait quatre jours. Or quatre jours, c’était le laps de temps nécessaire pour constater qu’un mort était vraiment mort. Selon une croyance juive populaire à l’époque, « l’âme plane au-dessus du corps du défunt » pendant trois jours après le décès « avec l’intention d’y rentrer de nouveau » (d’après une source rabbinique), mais dès que la décomposition commence, l’âme s’en va[1]. Le quatrième jour, c’est bon. Il n’y a plus aucun doute.

C’est donc par amour que Jésus n’est pas tout de suite venu à Béthanie quand il a appris que Lazare était malade. Pourquoi? S’il avait ressuscité Lazare deux ou trois jours seulement après son décès, les mauvaises langues auraient pu prétendre que Lazare n’était jamais vraiment mort. Mais après quatre jours et bien des odeurs désagréables, c’était indéniable.

41On ôta donc la pierre. Alors Jésus, tournant son regard vers le ciel, dit: Père, tu as exaucé ma prière et je t’en remercie. 42Pour moi, je sais que tu m’exauces toujours, mais si je parle ainsi, c’est pour que tous ceux qui m’entourent croient que c’est toi qui m’as envoyé.

43Cela dit, il cria d’une voix forte: Lazare, sors de là!

44Et voici que le mort sortit du tombeau: il avait les pieds et les mains entourés de bandes de lin, le visage recouvert d’un linge. Jésus dit à ceux qui étaient là: Déliez-le de ces bandes et laissez-le aller!

Certains ont blagué en disant: « Si Jésus a nommé Lazare quand il lui a demandé de sortir de là, c’est pour que tous les tombeaux de Béthanie ne se vident pas ce jour-là! »

Plus sérieusement, dans ces versets, nous assistons à plus qu’une résurrection. Nous avons un avant-goût de deux résurrections à venir. C’est d’ailleurs pour cette raison que Jésus accomplit ce miracle. Il le fait pour affermir notre foi dans deux autres résurrections. Lazare, après tout, est de nouveau décédé quelques années plus tard. Il a simplement bénéficié d’un sursis, d’une petite prolongation. L’intention de Jésus était donc pédagogique.

La résurrection de Lazare est un avant-goût de la résurrection finale (qui aura lieu à la fin des temps), qui elle sera définitive. Jésus a voulu nous donner un petit aperçu de la joie de la victoire sur la mort. Un jour, cette joie sera complète.

Ensuite, la résurrection de Lazare est un faible aperçu de la résurrection de Jésus. Je l’ai dit au début: Jean affirme toujours plus qu’il n’y paraît. Ici, il emploie des mots qu’il reprendra autour de la résurrection de Jésus (avec des différences significatives) pour montrer que la résurrection de Jésus est bien plus glorieuse que celle de Lazare.

Par exemple:

  • la pierre devant le tombeau dans les deux cas (sauf qu’avec Jésus, personne n’a besoin d’enlever la pierre)
  • le rôle important des femmes qui sont les témoins privilégiés de la résurrection dans les deux cas
  • et surtout, les linges: avec Jésus, le tombeau était vide et les linges funéraires se trouvaient par terre; Jésus s’en était libéré, lui qui avait dorénavant un corps glorifié.

C’est Jésus qui sera le premier « vrai Ressuscité », C’est lui qui est la résurrection. C’est lui qui nous ressuscitera au dernier jour. La résurrection de Lazare est une petite bande-annonce en noir et blanc, déjà impressionnante, qui nous fait languir après la suite des événements.

Application finale

Je termine par trois questions d’application pour nous recentrer sur l’essentiel. Ce sont des questions de méditation personnelle et d’examen de soi.

1. Sommes-nous impactés par la gloire du Fils de Dieu?

Dès le début de notre texte, Jésus a dit à ses disciples que ce qui allait se passer dans la suite avait pour but de « faire apparaître la gloire du Fils de Dieu » (Jean 11.4).

Ce qui serait tragique, ce serait de rater cette gloire. Ce qui démontre si nous avons bien compris le propos de Jean dans ce texte, c’est notre désir d’adorer Jésus. Si nous n’avons pas ce désir même après la méditation de Jean 11, nous avons besoin d’aide. Supplions Dieu de nous débarrasser de tout ce qui nous empêche de contempler le Fils de Dieu, de toutes les sources de distractions qui nous aveuglent et nous détournent de lui.

2. Sommes-nous affermis par le septième signe de Jésus?

Jésus a agi pour la foi de ses disciples, donc aussi pour notre foi. Sommes-nous conscients que la résurrection de Lazare s’est vraiment produite il y a 2000 ans? Jésus a réellement fait cela! C’est « vraiment vrai »!

Notre foi repose sur ce qu’ont raconté les témoins de cet événement, dont certains étaient toujours en vie quand Jean a rédigé son Évangile. Ils étaient là pour confirmer la version de Jean (aussi un témoin oculaire).

Souvent, nous pensons qu’il n’y a que deux groupes de lecteurs des évangiles: ceux qui croient dans leur fiabilité historique, et ceux qui croient que ce sont des histoires inventées. Malheureusement, il y a aussi un troisième groupe: ceux qui croient « en principe » que ces événements ont eu lieu (ils le chantent) mais qui vivent comme s’ils n’étaient pas véridiques.

Battons-nous – moi le premier – contre l’insensibilité spirituelle, contre l’endormissement, contre la tiédeur, contre une religion de façade. Soit nous y croyons, soit nous n’y croyons pas. Mais si nous y croyons, alors vivons comme des femmes et des hommes convaincus que Jésus est la résurrection et la vie!

3. Sommes-nous confiants devant la mort et devant la vie?

Quand Jésus déclare: « je suis la résurrection et la vie », il garantit notre avenir et il transforme notre présent.

Je sais qu’aujourd’hui, nous avons beaucoup de mal à préparer l’avenir. Nous vivons pour l’instant présent. Or, beaucoup de personnes se retrouveront un jour dans une situation pour laquelle elles ne sont pas du tout préparées, devant Dieu. Le salon de la mort peut nous aider à préparer nos obsèques et notre testament, mais sommes-nous prêts pour l’après-mort?

Tu te demandes peut-être comment t’y préparer? La Bonne Nouvelle, c’est qu’une autre personne a fait tous les préparatifs à ta place, pour que cela se passe bien pour toi ce jour-là – et même très bien. Mais tu dois t’engager, en « signant » les papiers: c’est ce que Jean appelle la foi, la confiance en Jésus. Bâtissons notre vie sur Jésus! Faisons-lui confiance! Il est la résurrection! Nous pouvons être sereins devant la mort, grâce à lui.

Mais peut-être que ton souci, c’est plutôt le mal de vivre, une angoisse constante dans la vie: que va-t-il t’arriver? Est-ce que tu réussiras? Est-ce que tu parviendras à éviter que les pires tuiles te tombent sur la tête? Heureusement, Jésus est non seulement la résurrection, il est aussi la vie. Autrement dit, la vraie vie, ce n’est pas quand tout va bien, ce n’est pas d’éviter la souffrance, ce n’est même pas t’atteindre tous tes objectifs personnels. C’est plutôt de connaître le Fils de Dieu et par lui, de connaître Dieu. Amen.

P.S. J’avais publié cet article une première fois sur mon blog le 2 juillet 2019. Je l’ai republié le 23 mars 2021.

Retrouvez ici…

1. Donald Carson, Évangile selon Jean. Commentaire (Excelsis / Publications chrétiennes, 2011), p. 536.