Memento Mori

Quel rapport entre le foot et notre vie chrétienne?

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Publié le

02 juil. 2018

Ah le foot… Ses buts, ses supporters, ses émotions, ses dérives, ses stars et ses footix! Détesté par les uns, adulé pas les autres. Pourquoi le foot est-il si populaire? Que nous révèle-t-il des aspirations du cœur humain?

Dans cet épisode, Raph et Matt répondent aux questions suivantes:

  • Pourquoi parler de foot, ce sport de beauf?
  • Selon toi, que cristallise le foot (bien ou mauvais)?
  • Donne-moi des raisons de m’intéresser au foot.

Ils ont mentionné:

Synthèse MM#14

Ce travail de synthèse est fait par un auditeur attentionné. Il ne retranscrit pas les propos exacts de l’épisode, mais vise à présenter le contenu.


Raphaël est un grand fan de foot. C’est pour cela qu’il a choisi ce sujet. Lorsqu’il était jeune, il jouait au football en club, et il a grandi en étant entouré de grands fans de foot. C’était la branche italienne, du côté de sa mère, qui était très foot. Mais dans sa famille proche, il est le seul rescapé à encore reconnaître que c’est un sport merveilleux. Cependant, ce sont tous des férus de foot dans sa belle-famille.

Pourquoi parler de foot, ce sport de beauf?

Raph: Le foot est sur terre l’une des plus grandes manifestations de la grâce commune de Dieu. C’est un sport très intéressant à observer. C’est un vrai phénomène de société et on apprend beaucoup sur l’homme, sur l’humanité, au travers du foot. En effet, c’est le sport le plus populaire au monde. Le nombre de professionnels est énorme mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg.

Si l’on regarde tous les joueurs amateurs, ne serait-ce que si l’on joue dans le stade du quartier, ou en posant simplement 2 t-shirts par terre et avec un ballon, on peut jouer au foot. C’est le sport le plus accessible, même aux classes les plus modestes, il suffit simplement d’un ballon (et de jambes bien sûr).

C’est un sport intéressant à analyser. On a parfois un discours simpliste dans notre analyse du foot. On est souvent très réducteur mais je pense qu’il y a un peu plus de finesse qu’on ne l’imagine quand on ne connaît pas bien le foot.

Matt: Je me fiche totalement du foot. J’ai plaisir à regarder un beau match mais je pense effectivement que cela dépend beaucoup de l’environnement dans lequel on a grandi. Mon père n’étant pas un grand fan de foot, je ne le suis pas non plus.

La question qu’il faut se poser c’est: pourquoi le foot est si populaire? Il cristallise autant de belles choses que de choses mauvaises, d’abus, d’injustices, de scandales, de vanité, d’amour de l’argent, etc.

Pourquoi le foot est beau? Il est beau parce qu’il est beau. Du point de vue du spectateur, les gestes techniques du foot sont élégants. En regardant, cela donne de bonnes sensations. Lorsque l’on regarde un beau match de foot, il y a des beaux gestes techniques, on a envie de les revoir au ralenti, de se les repasser; il y a des matchs qui marquent dans le temps.

Bien sûr c’est le cas dans la plupart des sports mais la différence, c’est que dans le foot, il est très difficile de marquer. Si l’on compare au handball, au basket, au volley-ball, où marquer des points se fait assez régulièrement. Alors qu’au foot, on peut avoir un match passionnant avec un score de seulement 1-0 à la fin.

On peut parfois avoir un match avec un score de 5 ou 6 à 0 mais s’il n’y a pas de vraie opposition, il y a peu d’émotions. Alors que pour un match qui se termine par un 1-0, cela aurait été tellement dur et il y aurait eu tellement de choses qui se seraient passées sur le terrain pour conclure à ce but que cela crée chez les spectateurs et chez les joueurs un sentiment de libération extrême.

Le foot génère des émotions extrêmes lorsqu’on le regarde en tant que supporter. Comme c’est très difficile de marquer, lorsqu’il y a un but, cela génère une joie intense. Contrairement à d’autres sports, dans le foot, le plus faible a tendance à gagner plus souvent. Mais par exemple, dans les sports de combats, c’est rare que le combattant le plus faible gagne. Il y a beaucoup de sports où ce suspense n’est pas aussi marqué. Au foot on peut se retrouver assez souvent avec des exemples du petit qui va résister à l’ogre qui va gagner. Typiquement, pour la coupe du monde de 2018, l’Allemagne qui était championne du monde s’est faite sortir par la Corée du Sud.

Un autre élément lorsque l’on pratique le foot à haut niveau, c’est la gestion collective des émotions. Au basket, lorsque l’on prend un panier, ce n’est pas grave parce que l’on sait que l’on va marquer beaucoup de points derrière. Mais au foot, lorsque l’on prend un but, on peut s’effondrer sous la pression. Un autre exemple, c’est lorsque le joueur tire un penalty.

Pendant les entraînements, les joueurs peuvent réaliser des milliers de tirs au but avec une précision impeccable. Mais lorsqu’ils se retrouvent dans un stade avec 80 000 supporters et des millions d’autres à travers le monde, il n’y a rien de plus dur que de mettre le ballon au fond du filet. Il y a donc une pression autant individuelle que collective très forte et c’est souvent dans ce domaine que les grands joueurs se démarquent par rapport à d’autres. Pas seulement sur le plan technique, mais en arrivant à exprimer cette technique face à une pression et des attentes très élevées.

Par rapport à la question de l’argent, il faut comprendre que le foot n’est pas seulement un sport mais une industrie du spectacle. Et cette industrie génère énormément d’argent. Lorsque l’on fait venir un joueur dans son club, qu’on l’achète plus de 100 millions d’euros, on peut se dire que c’est de la folie, mais l’entrée d’argent que cela va générer pour le club est colossale. Il y a des économistes qui se penchent dessus. Le fait que Neymar soit arrivé au PSG va permettre à un tout petit club de ligue 1 de voir ses bénéfices augmenter. En effet, si le PSG vient jouer par exemple à Bordeaux, le stade de Bordeaux sera rempli parce que les gens veulent voir jouer Neymar. Entre le marketing, le branding et le sponsoring, le foot génère une somme folle d’argent.

Aujourd’hui, une des dérives est que les joueurs ont pris une place de stars mondiales alors que dans l’industrie de la musique par exemple, cela devient de plus en plus éphémère et de plus en plus dur de percer. Mais pour le foot, une fois que l’on a percé et que l’on est installé, on devient une star mondiale. Des personnalités comme Cristiano Ronaldo, Messi, David Beckham, Zidane, Platini, sont des personnes qui marquent les sociétés parce que ce sont des personnes qui sont issues de toutes origines sociales, y compris des classes les plus populaires, et incarnent le rêve de la réussite en montrant aussi que c’est ouvert à tous. D’autres milieux sont beaucoup plus fermés.

Cependant, depuis cette génération de grands footballeurs, la starification est plus passée dans l’image que dans le talent. On le voit notamment avec Beckham qui n’est pas seulement un joueur de foot, mais aussi un mannequin, un influenceur, etc.

L’évolution médiatique a beaucoup influencé cela. Aujourd’hui, les grands championnats sont accessibles dans le monde entier, les droits TV se vendent à des prix faramineux, puis avec les réseaux sociaux en plus, cela amène une starification des footballeurs. Cependant au niveau du talent, il est difficile de comparer les générations, mais il est clair qu’il y a une évolution et une professionnalisation dans le football. Lorsque l’on compare le rythme des vieux matchs et ceux d’aujourd’hui, cela n’a rien à voir. Les joueurs multiplient les sprints et ont un niveau athlétique sans précédent. L’accomplissement des gestes techniques, la coordination collective, la pression, l’importance des enjeux, forment un cocktail extraordinaire pour les fans de sports.

Selon toi, que cristallise le foot (bien ou mauvais)?

Il y a un côté très romantique au football. On vit de véritables dramaturgies en accompagnant l’équipe que l’on supporte. On vit des injustices très fortes, des sentiments de frustration, notamment lorsqu’il y a des erreurs d’arbitrage, de la triche. On peut aussi connaître des joies qui sont énormes. Même dans un match, il peut y avoir une vraie histoire. Il y a plein de phases de jeu très différentes. Lorsque l’on élargit cela, cela représente, à petite échelle pendant 90 minutes, ce que l’on vit dans notre vie et ce que peuvent vivre des nations au sein d’elles-mêmes. Lorsque les personnes regardent un match de foot, leur comportement est radicalement différent.

Cela montre aussi les excès et le manque de contrôle que certains peuvent avoir. Cela montre que le foot et le sport en général peuvent être une vraie idolâtrie pour certaines personnes dans le monde. Certains se sont privés pendant des années, parfois mêmes se sont endettés, pour aller voir un match de leur équipe à l’autre bout du monde. C’est clairement déraisonnable. Cela montre aussi l’avidité dont certains joueurs font preuve lors des transferts d’argent alors que ce sont des personnes qui peuvent faire vivre 10 générations derrière elles si elles placent bien leur argent. Pour avoir plus d’argent, ils sont prêts à changer de club, à remettre une belle histoire en question. Et on voit que l’amour de l’argent est un puits sans fond.

Il y a aussi un phénomène d’identification très fort. Certains vivent pour le foot. Leur équipe devient leur identité. Et quand leur équipe perd, ils ne se sentent pas bien; quand leur équipe gagne, ils se sentent mieux. Il y a quelque chose d’extrême dans le fait de vive pour quelque chose, ce qui correspond à la définition de l’idolâtrie, et eux vivent pour leur club. Cela offre des repères et un cadre que l’on ne retrouve pas ailleurs. L’identité d’un club de foot est quelque chose d’extrêmement fort avec des valeurs et une histoire.

Un club est toujours supérieur aux joueurs qui sont dans l’équipe. C’est la marque d’un grand club. Quel que soit le joueur, le club sera toujours au-dessus. Dans une société où l’État, la famille ou la religion n’offrent pas ces repères là, le foot va offrir une identité qui rassemble. Une petite remarque en passant: les endroits où l’on chante ensemble, c’est dans les Églises et dans les stades.

Le pendant de ce désir de repère et d’appartenance est un milieu qui montre le racisme de façon extraordinaire, avec l’hooliganisme, où des supporters de 2 clubs de la même ville vont se battre. Cette mentalité est assez propre à ce sport et ne se retrouve pas vraiment dans d’autres sports. Il y a une espèce de cautionnement inconscient qui dit que l’on accepte d’être violent sans trop de raison, et de détester l’autre sans trop de raison, lorsqu’il appartient à un autre club. Il y a une sorte de tendance clanique, où les gens appartiennent à des sortes de tribus qui se battent depuis des générations, et c’est une caution à la violence gratuite. Parfois il y a des drames énormes (morts, handicapés) et ils échappent à la réalité. C’est très fictionnel comme rapport à la violence.

C’est l’une des dérives que l’on a autour de ce côté identitaire qui se développe autour d’un club, d’une nation. Et comme le foot est le sport le plus populaire et qui génère le plus de passion, tout est amplifié. Il y a une culture de l’agressivité et de la violence qui est innée, et même de la haine. Entre 2 supporters de 2 clubs différents, il y a une vraie haine. Ce n’est pas juste de la rivalité. Il y a certes une culture du chambrage mais par ailleurs il y a de la vraie violence qui est motivée par de la haine pure. C’est un phénomène humain: lorsque l’on rassemble des pécheurs ensemble, cela dégage encore plus de péché. Il y a un entraînement mutuel dans la violence. Le sage qui traîne avec les sages devient plus sage, et le fou qui traîne avec les fous devient encore plus fou. Individuellement on ne se permettrait pas cela mais avec l’effet de groupe, on est complètement déconnecté de la réalité. Cela peut même arriver au sein d’un même club.

Donne-moi des raisons de m’intéresser au foot

Le foot est un dénominateur commun culturel pour toutes les nations de la terre. Sur tous les continents, il y a du foot. La coupe du monde de football est l’évènement qui rassemble le plus de gens autour d’un même sujet dans le monde. C’est quelque chose qui rassemble parce que cela crée des émotions, des échanges. Avant d’avoir un regard de juge, il est intéressant d’avoir un regard d’analyse. Se demander pourquoi cela fédère autant, quels ponts cela peut créer, etc.

Puisque c’est si populaire, de nombreux sujets connexes sont cristallisés. Des gestes et des positions de certains joueurs sont très politiques. Derrière les écrans, tout le monde est sélectionneur et semble savoir ce qui aurait dû être fait. Ils ont parfois une analyse un peu simpliste et pensent que les joueurs sont bêtes, mais ils se montrent aussi bêtes qu’eux. Mais au lieu d’avoir des discours simplistes, puisque ce sont des discours qui parlent derrière de thèmes qui sont transcendants, on peut parler de pardon, de victoire, de défaite, de deuil, de haine et d’amour. Ce sont des thèmes où, en tant que chrétien, on a des choses à dire. Le foot nous amène une plateforme merveilleuse pour échanger sur ces sujets, tout comme le cinéma ou la musique. Soyons un peu plus fins et vigilants sur nos comportements parce que le foot est une vitrine des grands traits de caractère de l’humanité et des aspirations de l’homme. Et voilà le point eschatologique qui vient.

Il y a 2-3 thèmes Memento Mori dans le foot:

Lorsque l’on regarde ces matchs, la moindre des choses est de pouvoir respecter cet engouement même si on ne le comprend pas. L’appel d’aimer notre prochain nous incite à nous intéresser un tant soit peu à ce sport. Mais si cela nous énerve, ne pas dénigrer le foot est un geste d’amour envers notre prochain qui est fan de foot.

Ensuite il y a la dimension de la joie, celle que l’on peut ressentir d’être ensemble pour quelque chose qui se passe. Cette joie-là que l’on vit au détriment d’autres, on la vivra un jour avec Christ. Et on sera joyeux pour ce que Christ a fait pour nous et c’est cela qui motivera notre joie. Pas ce qu’a fait notre équipe, pas le résultat du score, mais cette joie-là.

Dernière perspective, c’est le fait que les nations se retrouvent ensemble et célèbrent ensemble cette joie. Ce qui est paradoxal, c’est que l’on voit toutes ces nations qui se rassemblent pour fêter quelque chose. Quand bien même leur équipe ne gagne pas, tous fêtent le foot, tous se réjouissent ensemble. Mais il n’en reste pas moins que, avant d’être ensemble, on est les uns contre les autres. Et un jour on sera tous ensemble, tous différents. Nos différences ne seront plus ce qui nous sépare mais ce qui fera la beauté de la rédemption en Christ et ensemble on pourra se réjouir. Un jour on aura une raison bien meilleure de tous se rassembler et de tous faire la fête.

Cette victoire glorieuse de Christ, qui est en même temps une victoire juste où il n’y a pas d’injustice, de défaite, sera pleinement manifestée devant tous les hommes et tous fléchiront le genou devant Christ. Quel que soit le camp, tous se courberont et dira ‘c’est lui le Roi des Rois, le Messie, le Seigneur des Seigneurs!’ Si on aime les grands joueurs, c’est que l’on attend des messies, que ce soit les joueurs qui nous sortent de la galère. Certains joueurs sont à la hauteur, mais certains ne le sont pas. Par exemple, lors de la finale de la coupe du monde contre l’Italie, Zidane a provoqué un véritable séisme en donnant un coup de boule. L’homme présenté comme parfait, quasiment comme un surhomme, au sommet de son art, a complètement craqué. On peut vivre une telle déception avec cette fébrilité que l’on a. Mais un jour on aura une joie qui ne sera jamais fébrile, jamais déçue et qui sera éternelle. On vivra cette communion, que l’on souhaite vivre dans le foot, pour l’éternité avec Christ.

Merci à Victor Hui pour son travail de synthèse.