Le "déjà" et le "pas encore" de la vie chrétienne, selon Richard Bauckham

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Cette riche citation de Richard Bauckham offre une belle synthèse des aspects de notre salut dont nous jouissons "déjà" et de ceux qui ne sont "pas encore" manifestes. Dans ce cadre, la souffrance trouve aussi un nouveau sens...

Mes étudiants m’entendent souvent parler du « déjà » et du « pas encore » de la rédemption dans mes différents cours sur le Nouveau Testament. En effet, cette tension est fondamentale pour une juste compréhension de la Bible – et de la vie chrétienne!

Richard Bauckham, spécialiste du Nouveau Testament et professeur émérite à l’université de St Andrews en Écosse, décrit ainsi la vie vécue à la croisée des âges:

Nous sommes toujours en transition, de l’ancien vers le nouveau, vivant dans la tension eschatologique entre le « déjà » et le « pas encore ». Nous sommes sauvés et pourtant nous attendons encore le salut. Dieu nous a justifiés, c.-à-d. qu’il a anticipé le verdict du jugement dernier en proclamant notre acquittement grâce au Christ, et pourtant, « notre espérance, c’est d’être déclarés justes » (Ga 5.5). Dieu nous a donné l’Esprit par lequel nous avons part à la vie de résurrection du Christ, mais l’Esprit n’est pourtant qu’un acompte (2 Co 1.22; 5.5; Ép 1.14) de l’héritage eschatologique, les arrhes qui garantissent le paiement complet. L’Esprit représente les prémices de la moisson (Rm 8.23). Dans le présent de l’existence chrétienne, nous continuons donc à connaître le combat entre la chair et l’Esprit (Ga 5.13-26), la lutte intérieure entre la nature que nous devons au premier Adam et la nouvelle nature que nous devons au dernier Adam. Nous attendons toujours la rédemption de nos corps au jour de la résurrection (Rm 8.23; 1 Co 15.44-50), et la perfection reste un but vers lequel nous tendons (Ph 3.10-14). La tension entre le « déjà » et le « pas encore » est une réalité existentielle de la vie chrétienne.

C’est également pour cette raison que le chrétien connaît la souffrance. Dans le temps présent, les chrétiens ont part aux souffrances du Christ, de sorte que dans l’âge à venir, ils puissent avoir part à sa gloire (Ac 14.22; Rm 8.17; 2 Co 4.17; 2 Th 1.4s; Hé 12.2; 1 P 4.13; 5.10; Ap 2.10), c.-à-d. que la « gloire » fait partie du « pas encore » de l’existence chrétienne. Cela s’explique à la fois par le fait que nous sommes encore dans un corps mortel, et parce que l’Église se trouve toujours dans une monde dominé par Satan. Sa mission est donc inséparable de la persécution, comme l’a été celle du Christ (Jn 15.18-20).

– Richard Bauckham, « Eschatologie » dans le Grand Dictionnaire de la Bible (Excelsis, 2004), p. 534-535 (l’article couvre les p. 532-540).

L’illustration mémorable d’Oscar Cullmann

Dans cet article, je présente l’illustration la plus célèbre sur le « déjà » et le « pas encore » dans le Nouveau Testament, celle d’Oscar Cullmann, qui était professeur à Strasbourg.

Article publié pour la première fois le 9 juillet 2019, remis en avant pour profiter à de nouveaux lecteurs.

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Dominique Angers

Doyen de la Faculté de Théologie Évangélique à Montréal (Université Acadia), Dominique Angers y est aussi professeur de Nouveau Testament et de prédication. Docteur en théologie de l’Université de Strasbourg, il s’exprime régulièrement sur son podcast vidéo d’enseignement biblique, “Parle-moi maintenant”. Il est l’auteur du livre La méditation biblique à l’ère du numérique et du Commentaire biblique Parle-moi maintenant par Éphésiens. Son prochain commentaire, Parle-moi maintenant par Marc, paraîtra chez BLF.

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