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S'émerveiller d'être ressuscité avec Christ (Éphésiens 2.1-10)

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Publié le

03 avr. 2024

Notre salut est un don de Dieu qui devrait nous remplir d'émerveillement. Par la foi, nous sommes ressuscités avec Christ, créés pour de bonnes œuvres que Dieu a préparées, nous rendant ainsi participants à sa nouvelle création. Cela libère de la pression de performer pour être "quelqu’un". Reconnaître l'œuvre de Dieu dans nos vies devrait nous pousser à l'adoration et à la reconnaissance.

Transcription de la prédication

L’émerveillement est l’un des moteurs essentiels de la vie chrétienne. Or, s’émerveiller est souvent un défi difficile à relever. En effet, des obstacles peuvent nous empêcher d’être admiratifs devant l’action pourtant glorieuse de Dieu.

En Éphésiens 2.1-10, Dieu veut nous émerveiller par la puissance qu’il a déployée en nous sauvant.

Pour se laisser émerveiller par cette puissance divine, il nous faut prendre conscience de trois réalités:

1. Ce que nous étions (v. 1 à 3)

Dans ces versets, Paul décrit l'humanité sans Dieu, l'être humain laissé à lui-même. Il part de ce que nous étions vraiment avant d'avoir été secourus. Plus on saisit ce que nous étions, plus on sera émerveillé par ce que Dieu a fait. Les mots employés ici sont très forts.

Il dit trois choses et met en avant trois vérités sinistres, comme le dit un commentateur.

Nous étions morts

Verset 1: “Autrefois, vous étiez morts à cause de vos fautes et de vos péchés.”

Le "vous" fait ici référence aux lecteurs de Paul, des chrétiens d'origine non juive qui habitaient dans la province romaine d'Asie. Un peu plus loin, il utilisera le pronom "nous", et là ce sera nous, les chrétiens d'origine juive, dont Paul fait partie. "Vous étiez morts", c'est-à-dire spirituellement morts, ce qui ultimement signifie que vous étiez séparés de Dieu. Il n'y avait en eux, comme nous d'ailleurs avant notre rencontre avec Christ, aucune vie spirituelle, aucune communion avec Dieu, aucune sensibilité aux choses de Dieu.

Qu'est-ce qui a causé cette mort, cette distance par rapport à Dieu? Nos fautes et nos péchés. On a fait des choses qu'on n'aurait pas dû faire, et on n'a pas fait tout ce qu'on aurait dû faire. Voyez la gravité de notre problème: on n'était pas seulement malheureux, pas seulement déçus par la vie, pas seulement seuls au monde, pas seulement des victimes. On était, pardonnez de le dire, des cadavres au plan spirituel, inanimés à cause de nos propres fautes.

À la Faculté de théologie où j'ai fait une partie de mes études aux États-Unis, à Trinity près de Chicago, l'un des profs de prédication, c'était Monsieur Louis Loucheur, pasteur pendant plus de 36 ans à l'Église Mouly Church Chicago, un prof de prédication émérite, et il faisait vivre à ses étudiants, donc de futurs prédicateurs, une expérience mémorable. Un moment pendant le semestre, il leur donnait rendez-vous dans un cimetière, et quand tout le monde était là, il leur donnait la consigne suivante: "Allez-y, prêchez à l'assemblée. Proclamez la Parole de Dieu, l'Évangile."

Imaginez la confusion des étudiants. C'était un peu embarrassant. Ils se regardaient les uns les autres et regardaient pour voir s'il y avait beaucoup de monde qui passait par là. Il prenait une grande respiration parce que le prof lui-même était très sérieux, et ils se mettaient à annoncer l'Évangile dans ce cadre, devant les tombeaux.

Ce prof avait un objectif précis qui n'était pas de traumatiser ces étudiants, donc ça, c'était peut-être un effet secondaire de l'expérience. Il voulait leur faire prendre conscience de façon mémorable que quand on annonce l'Évangile à des non-croyants, on parle à des personnes qui sont spirituellement mortes, qui sont inanimées, et on est démuni. Je veux dire, qu'est-ce qu'on peut faire? Ils sont morts, on ne peut rien y faire. Notre seul espoir dans l'annonce de l'Évangile, c'est que la puissance du Dieu créateur se manifeste à ce moment. Lui seul peut donner la vie.

Nous étions esclaves

Donc, non seulement on était morts, mais en plus, on était esclave des cadavres, esclaves de trois influences: du monde, du diable et de soi-même.

Esclaves du monde

Verset 2: “Par ces actes, vous conformiez alors votre manière de vivre à celle de ce monde.”

Littéralement en grec, vous marchiez autrefois selon le cours de ce monde. Paul sollicite ici l'image de la marche, qui souvent pour lui fait référence à un mode de vie, à une manière de vivre. D'où la traduction que j'ai lue: “Vous conformiez alors votre manière de vivre à celle de ce monde.”

Dans le monde ici, ce ne sont pas toutes les personnes, tous les individus qui nous entourent, mais c'est la société organisée sans Dieu. C'est le grand système de valeurs qui dominent, mais qui est étranger à Dieu. C'est l'ensemble des valeurs communiquées par les raisonnements purement humains, parfois par les médias, parfois par la culture populaire. Certains commentateurs parlent ici d'un esclavage culturel. On pensait comme tout le monde autour de nous, on suivait la foule, on se laissait entraîner par le courant, incapable de résister, incapable de discerner le vrai et le faux.

Esclaves du diable

Donc, on était aussi esclaves, toujours verset 2: "Et vous suiviez le chef des puissances spirituelles mauvaises, cet esprit qui agit maintenant dans les zones rebelles à Dieu." Donc, le diable est ici décrit comme le chef des puissances spirituelles mauvaises dont il est souvent question dans cette épître aux Éphésiens. Et il agit dans les zones rebelles à Dieu. Donc, on était esclave des mensonges du diable, on marchait selon ses projets maléfiques, on le suivait sans doute à notre insu, mais c'est quand même ce qui se produisait.

Esclaves de nous-mêmes

Verset 3: "Nous aussi" donc ici, c'est "nous aussi, chrétiens d'origine juive". Paul se met sur un pied d'égalité par rapport à ses lecteurs. Nous faisions autrefois tous partie de ces hommes, nous aussi, en étant dans le même sac. Nous vivions selon nos mauvais désirs d'hommes livrés à eux-mêmes, et nous accomplissions tout ce que notre corps et notre esprit nous poussaient à faire.

Dans les traductions plus littérales, on retrouve le fameux mot "la chair". La chair, c'est quoi? C'est l'être humain livré à lui-même. C'est l'homme sans Dieu. Paul ne fait pas seulement référence à ce qu'on appelle parfois les "péchés de la chair" en français, c'est beaucoup plus vaste. Bien sûr, ça en fait partie, des péchés d'ordre sexuel, mais il y a beaucoup plus que cela qui est intégré dans la chair. La chair englobe tous nos mauvais désirs égoïstes, la soif de posséder, le désir de se faire un nom, d'être reconnu, l'amertume, la jalousie, l'esprit de vengeance, et ainsi de suite.

Un auteur a écrit sur les versets 1 à 3:

De tout temps, la mort a inspiré les artistes, mais ce que Paul dépeint ici est plus redoutable que n'importe quel tableau. En effet, ces versets forment une fresque décrivant la mort spirituelle. On y voit quoi? Des défunts qui marchent, qui vaquent à leurs occupations, et qui assouvissent les désirs de leur nature pécheresse.

Nous étions morts, et nous étions esclaves, et ce n'est pas terminé.

Nous étions condamnés

Toujours verset 3 à 6: "Étions-nous par nature voués à la colère de Dieu, comme le reste des hommes?"

Par la nature corrompue dont on a hérité d'Adam, donc par nature, et aussi par nos fautes et nos péchés qui ont été mentionnés plus tôt, nous étions destinés à la colère de Dieu. Pourquoi? Parce que Dieu est saint. Et lorsque le Dieu parfaitement saint voit notre réveillant, sa colère se manifeste. Non pas une colère incontrôlée, arbitraire, comme c'est parfois le cas peut-être de nos colères humaines, mais une sainte colère, une colère contrôlée et justifiée.

Si Dieu est vraiment Dieu, et si Dieu est vraiment saint, il se doit de répondre au péché par cette sainte colère. Si ce n'était pas le cas, si le péché le laissait indifférent, il cesserait d'être un Dieu juste et un Dieu saint. On avait attiré sur nous la terrible colère de Dieu, son jugement éternel. On avait tous une place réservée en enfer, avec notre nom écrit sur le billet.

Mais pourquoi est-ce que pour nous dire tout ça, c'est un peu déprimant? Pourquoi ce rappel douloureux des réalités sinistres qui nous caractérisaient auparavant? Pourquoi se focaliser sur le passé? Tout simplement parce qu'on a souvent tendance à minimiser la gravité de notre ancienne situation et de la condition des gens qui nous entourent et qui ne connaissent pas encore le Seigneur. Après tout, on se dit: "Je n'étais pas si mal que ça quand même. J'étais dans la bonne moyenne. Oui, j'étais dans la bonne moyenne des cadavres, esclaves, condamnés."

Il me semble que l'Évangile, ça lui ferait du bien, lui là, qui regarde aller. Ça le stabiliserait un peu, peut-être que ça le rendrait un peu plus zen. Enfin, je n'ai peut-être pas le bon terme, mais en tout cas, bon. Mais surtout, l'Évangile pourrait aussi le délivrer de la colère de Dieu. Accessoirement, voilà ce que nous étions tous, sans exception. Alors, notre condition était pire que ce qu'on imagine parfois, mais notre nouvelle situation, je pense, est bien meilleure que notre conception du salut. Et c'est là la suite.

2. Ce que Dieu a fait pour nous (v. 4 à 7)

Les deux premiers mots du verset 4 ont pour but de nous étonner, de nous surprendre, de nous sidérer: "Mais Dieu." Alors, nous étions morts, nous étions esclaves, nous étions condamnés, mais Dieu est intervenu. J'aimerais qu'on reconnaisse tout ce que, dans les versets 4 et 5, Paul fait de grands efforts pour nous convaincre que ce que Dieu a fait pour nous n'était pas normal. On devrait concevoir le salut de Dieu comme quelque chose d'étonnant et d'inattendu. La conclusion normale et logique aurait été puisque nous étions par nature voués à la colère de Dieu, et puisque nous avons confirmé cette nature corrompue par notre comportement, eh bien, on va tous subir la juste et sainte colère de Dieu. Point. Ça s'arrête là. Ça aurait été dans l'ordre des choses. Mais il n'en est rien.

Au verset 4, Paul évoque la bonté de Dieu: "Mais Dieu est riche en bonté." Parfois traduit avec un mot plus ancien que j'aime bien, la miséricorde, ce secours de Dieu dans la détresse.

Ensuite, Paul parle de l'amour de Dieu, mais en soulignant un aspect précis de cet amour, toujours verset 4: "Aussi à cause du grand amour dont il nous a aimés." Paul est volontairement redondant: "Le grand amour dont il nous a aimés", verset 5: "alors que nous étions morts", spirituellement morts à cause de nos fautes, ce qui fait écho au verset 1.

Dieu a aimé des hommes et des femmes qui étaient spirituellement morts à cause de leur faute, qui s'étaient rebellés contre lui, qu'ils avaient rejeté, qu'ils avaient méprisé, ou peut-être qu'ils avaient tout simplement ignoré, ce qui est aussi très grave. Voilà ce que son amour a de particulier: il a aimé des cadavres au plan spirituel, qui déjà se décomposaient. Je parle en langage figuré.

Puis intervient l'élément central du passage, toujours au verset 5: "Il nous a fait revivre avec Christ." Nous étions morts, mais il nous a fait revivre avec Christ. Et pour s'assurer qu'on a bien suivi, pour se permettre d'ajouter à la fin du verset 5: "C'est par la grâce que vous êtes sauvés."

Les amis, si vous m'avez bien suivi, est-ce qu'on entend ce que Dieu veut nous dire aujourd'hui par les versets 4 et 5? Notre salut n'était pas un dû. Si Dieu nous avait laissés nous perdre, on pourrait rien lui reprocher. Par définition, le chrétien est un individu qui s'étonne de la bonté et de la grâce qui lui ont été manifestées. Pourquoi moi? Pourquoi tant d'amour? La seule réponse, c'est parce que Dieu l'a voulu ainsi. Dans sa bonté, dans sa grâce, dans son amour, la seule réponse acceptable, c'est l'adoration et la gratitude.

Dans le petit livre Une vie centrée sur la croix, l'auteur nous fait part de son témoignage. Il écrit ceci:

Je suis bien placé pour comprendre l'étonnement de Paul à l'idée d'avoir obtenu miséricorde. J'ai toujours vécu dans la même région, c'était aux États-Unis. Et pratiquement chaque mois, chaque mois, je me souviens de ce que j'étais autrefois, avant que le Seigneur me sauve en 1972. J'étais moi aussi un blasphémateur. Je vivais pour moi et pour mon plaisir personnel. J'étais rebelle à Dieu, et je me moquais de ceux qui le suivaient. J'ai passé mes années de lycée et d'université à m'immerger totalement dans le monde de la drogue. Parfois, tard le soir, mes amis et moi cherchions des lieux calmes et isolés où nous pouvions nous droguer sans avoir d'ennuis. Plus d'une fois, ce furent des monuments de Washington ou encore le terminal de petites aéroports peu fréquentés où les portes restaient ouvertes longtemps avec les vols du jour, et où nous pouvions nous glisser dans les couloirs presque déserts des bâtiments. Je me rappelle tout ça. Parfois, je me retrouve à proximité de l'un de ces endroits, et je suis submergé de souvenirs. Je me rappelle alors ce que j'étais autrefois, qui j'étais, et qui je suis à présent. Souvent, les souvenirs de mes folies et de mon péché me font verser des larmes. Néanmoins, en même temps, mon cœur déborde d'une joie simple et inexprimable. Je ne suis plus le même. Grâce à l'œuvre parfaite de Jésus sur la croix, j'ai reçu le pardon des innombrables péchés que j'ai commis.

Il termine en disant:

Actuellement, beaucoup de gens tentent de fuir leur passé. Je suppose que je pourrais essayer aussi, en quittant la ville où tant d'endroits me rappellent mon péché. Mais pour moi, vivre ici est un don de Dieu. Les rappels réguliers de mon passé me sont devenus précieux. Pourquoi? Parce qu'à l'instar de Paul, je ne veux jamais oublier la grande miséricorde qui m'a été manifestée.

Ne commettons pas l'erreur de penser que la bonté, la grâce et l'amour de Dieu se manifestent envers nous uniquement par le pardon qui nous a été accordé, ou par le fait qu'on a évité l'enfer. Attention, le salut, c'est beaucoup plus que cela.

Toujours verset 5: "Il nous a fait revivre les uns et les autres avec Christ." Et il le développe au verset 6: "Par notre union avec Jésus-Christ, Dieu nous a ressuscités les uns et les autres, et nous a fait siéger les uns et les autres dans le monde céleste." Il l'a fait afin de démontrer, pour tous les âges à venir, l'extraordinaire richesse de sa grâce qu'il a manifestée en Jésus-Christ par sa bonté envers nous.

On pourrait passer de longues minutes à développer chaque point de ces versets.

J'aimerais tellement pouvoir vous parler plus du verset 7, à quel point la grâce de Dieu sera démontrée, célébrée d'âge en âge, pour toute l'éternité. Mais je vais me contenter de dire ceci: notre émerveillement dépend ici, je pense, de notre capacité à faire le lien entre le verset 6, donc Éphésiens 2.6 que l'on vient de lire, et Éphésiens 1.20.

Donc, on a besoin de se concentrer, de prendre trois minutes pour faire ce lien. En effet, Éphésiens 1.20 nous dit que Dieu a ressuscité Christ et l'a fait siéger à sa droite dans le monde céleste. Éphésiens 2.5 concerne Christ. En effet, 6-1-2-6 dans notre texte nous dit que Dieu nous a ressuscités par notre union avec Jésus-Christ et qu'il nous a fait siéger avec lui dans le monde céleste.

Selon Éphésiens 2.6, notre résurrection et notre position dans le monde céleste sont le résultat de notre union avec Jésus-Christ. Mais qu'est-ce que cela signifie concrètement? Si certains se sentent dans le monde céleste en ce moment, ce n'est pas dans les nuages, ni sur la lune, mais dans le monde. On ne le ressent pas forcément toujours. Ce que Paul veut nous transmettre, c'est que nous partageons la destinée glorieuse de Christ. Ce qui lui arrive, nous arrive. Son histoire devient notre histoire. S'il ressuscite, nous ressuscitons avec lui, spirituellement pour l'instant, physiquement un jour lors de la résurrection. S'il monte au ciel, nous montons au ciel avec lui, spirituellement pour l'instant, mais dans le nouveau ciel et la nouvelle terre, nous serons physiquement avec lui. Nous sommes unis à Christ, connectés à lui, inséparables de lui. Nous sommes au bénéfice de sa vie, de sa résurrection, de sa victoire. Nous partageons sa vie et sa victoire, puisqu'il siège à la droite de Dieu, et ce sont les vainqueurs qui occupent cette position de session, qui sont assis dans le monde céleste en vainqueurs, au-dessus des puissances spirituelles qui ont été vaincues.

Donc, Paul a développé plus tôt que le chrétien vit simultanément dans deux dimensions: la dimension terrestre et la dimension céleste. Sur terre, nous sommes appelés à marcher d'une certaine manière, et l'image de la marche revient régulièrement dans l'épître aux Éphésiens. Mais en même temps, selon Éphésiens 1.3, qui a été relu tout à l'heure, nous sommes déjà comblés de toute bénédiction spirituelle dans le monde céleste, en raison de notre union avec Christ. Donc, nous goûtons déjà aux bénédictions spirituelles dans les lieux célestes. On a les pieds sur terre et le cœur au ciel. Un jour, on aura le cœur, les pieds, et tout le reste de notre corps ressuscité dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre avec lui.

Pour être émerveillé par la puissance de Dieu, on doit aussi réfléchir un instant.

3. Ce que nous sommes devenus (v. 8 à 10)

Le verset 8 dit ce que nous sommes devenus. Souvent, notre vision du salut se limite au passé, et on parle quasiment exclusivement du salut au passé. Dieu m'a sauvé. Mais notre émerveillement en souffre cruellement. On se dit peut-être: "Dieu a fait sa part en moi, maintenant, c'est à mon tour de faire la mienne en lui obéissant, en faisant des choses pour lui, pas par mes propres forces." Or, pour Paul, le salut englobe le passé, le présent, et l'avenir, et du début à la fin de notre parcours, on dépend de la grâce de Dieu. C'est pour ça que la grâce est autant accentuée dans ce texte. Cette grâce qui agit dans notre vie. Dieu veut nous émerveiller non seulement parce qu'il a déjà fait, mais aussi parce qu'il est en train de faire en nous, et parce qu'il fera encore dans chacune de nos vies.

Et Paul s'empresse d'ajouter dans la foulée: "Ça continue." Au verset 10, il faut pas louper le lien avec les versets 8 et 9, que la grâce de Dieu n'est pas arrivée à son terme dans notre vie. Verset 10: "Ce que nous sommes, nous le devons à Dieu, car par notre union avec Jésus-Christ, Dieu nous a créés pour une vie riche d'œuvres bonnes qu'il a préparées à l'avance afin que nous les accomplissions." OK, alors jusqu'à maintenant, on a parlé de notre salut comme d'une résurrection spirituelle, puisqu'on est passé de la mort à la vie, vrai. On a aussi parlé de notre salut comme d'une libération d'un esclavage, puisqu'on était esclave, vrai. Et on a aussi parlé de notre salut comme d'un sauvetage face à la colère inévitable de Dieu, puisqu'on était condamné, vrai. Mais là, Paul rajoute autre chose: au verset 10, il emploie le langage de la création pour décrire ce même salut. Nous sommes l'œuvre de Dieu.

Dans certains traductions, c'est la création de Dieu. Ce terme fait référence à la création. Quand Dieu nous a sauvés, il nous a créés. En fait, Paul fait ici référence au thème de la nouvelle création. La première création de Dieu a été gâchée par le péché. En Jésus-Christ, Dieu procède maintenant à une nouvelle création. Et ça sort pas de nulle part, ça a un lien avec la résurrection du Christ. Par sa résurrection, Christ inaugure une nouvelle création, et dans cette nouvelle création, est bien l'Église, et le chef-d'œuvre de Dieu, son chef-d'œuvre. Et chacun d'entre nous a une place dans ce chef-d'œuvre magnifique. Qu'est-ce qu'on est devenu? On est devenu des participants à une nouvelle création. Mais attention, Dieu nous a recréé dans un but précis.

Toujours au verset 10: "Dieu nous a créés pour une vie riche d'œuvres bonnes qu'il a préparées à l'avance afin que nous les accomplissions." Ou littéralement, afin que nous marchions en elles. Nous sommes donc des membres actifs, puisque nous marchons dans une nouvelle création. On participe activement à cette nouvelle création. On s'investit dans cette nouvelle création qu'est l'Église de Jésus-Christ. Quelles sont les œuvres bonnes qu'il a préparées à l'avance pour nous? Grand sujet. J'ai lancé la question en famille hier matin, pour voir un peu ce qui en ressortirait. Et c'est vrai que quand on parle de vraies bonnes actions, ce qui nous vient premièrement à l'esprit, ce sont les ministères, et également ce qu'on appelle parfois les bonnes actions, typiquement aider une personne âgée à traverser la rue. Voilà, et c'est vrai, cela tout cela en fait partie. Mais en fait, c'est une expression très vaste chez Paul, cette expression des œuvres bonnes.

C'est quoi? C'est toute l'obéissance chrétienne, toute l'obéissance chrétienne qui est détaillée par la suite dans les chapitres 4, 5, et 6. Des faits viennent: on a été recréés en vue de cette nouvelle marche, qui est à l'opposé de notre ancienne marche, qui était décrite au verset 2. C'est toute la nouvelle marche des chrétiens. On a complètement changé de direction, et on n'est pas seul dans cette nouvelle marche. Même les œuvres bonnes qu'on accomplit, même l'obéissance qu'on fait, c'est Dieu qui les a préparées à l'avance, dans l'éternité passée. C'est lui qui les a imaginées, c'est lui qui les a prévues. Quand j'encourage quelqu'un, ça peut être tout simple. Quand je refuse de me mettre en colère dans une situation peut-être tendue. Quand je résiste aux tentations. Quand je supporte des frères et sœurs plus difficiles dans d'autres Églises. Les jeunes. Quand je prends le temps d'écouter mon épouse, ou d'écouter un de mes fils me raconter sa journée, je ne fais qu'accomplir des œuvres déjà préparées avant ma naissance.

Pourquoi je donne ces exemples? Pour montrer que c'est aussi dans les petites choses. C'est toute votre vie qui s'inscrit dans ces œuvres bonnes que Dieu a préparées à l'avance pour vous. Alors, j'avoue que ça me dépasse complètement. En tant que prédicateur, en tant qu'enseignant en écriture, on est parfois obligé de danser. Il y a des choses qu'on comprend pas soi-même, mais c'est dans le texte.

Donc, voilà, je redis ce qui est dans l'Écriture. Mais ça me dépasse complètement. Vraiment. Ça ne va pas tout expliquer, mais je pense qu'un texte parallèle chez Paul qui peut nous aider, parce que ça dit un peu la même chose, c'est Philippiens 2.13, quand Paul écrit que Dieu produit en nous le vouloir et le faire, conformément à son dessein bienveillant. C'est très proche de ce que présente cet autre texte.

C'est Dieu qui me donne le désir et la capacité de marcher dans une direction diamétralement opposée à mon ancienne marche, à mon ancien parcours de vie. Donc oui, je suis actif, je suis en marche, mais c'est Dieu qui m'active par sa grâce, de sorte que même quand je fais les bons choix, même quand je m'investis dans mon Église locale, même quand j'ai une bonne attitude au travail, même quand j'aime mes voisins, c'est Dieu qui mérite toute la gloire, et pas moi. Donc, ça, c'est une conséquence. C'est lui qui, du coup, mérite toute la gloire, parce qu'il avait préparé tout ça.

Il y a une autre conséquence très pratique qui nous concerne tous, je pense. C'est que je peux arrêter de dire que je vais pas y arriver, que je ne suis pas capable, que la vie chrétienne c'est too much, c'est au-dessus de mes forces. C'est faux. Donc, on a ici en fait une vérité libératrice pour la vie de tous les jours. “Enfin, je peux me détendre un peu.”

Tout le système dans lequel on vit, appelé "le monde" dans le texte; tout ce système déclare haut et fort que notre valeur dépend de quoi? Elle dépend de nos accomplissements, de nos réalisations, de nos performances. “Pour être quelqu'un, nous dit le monde, il faut se construire soi-même. Il faut faire de soi un chef-d'œuvre qui impressionne les autres (ou moins une partie des gens qui nous entourent), enrichissant l'examen en obtenant tel emploi, des diplômes, en possédant telle maison, en vivant telle expérience, en étant reconnu par tel groupe.”

Mais l'Évangile dit complètement autre chose. On est devenu l'œuvre de Dieu, son chef-d'œuvre, sa nouvelle création, sans aucun mérite de notre part. Et on investit intensément dans cette nouvelle création qu'est l'Église. On donne de notre temps, de nos talents, de notre argent, parce que la grâce de Dieu nous y pousse. On est le chef-d'œuvre de Dieu, et les œuvres qu'on accomplit découlent naturellement de notre salut. Elles en sont le fruit, le résultat naturel, qui a été préparé à l'avance par Dieu. Un chef-d'œuvre qui produit de belles œuvres, c'est l'Église, et on en fait partie. Un chef-d'œuvre qui produit de belles œuvres.

Il y a plusieurs années, j'écoutais la radio en France et suis tombé sur une interview d'un grand philosophe français très impliqué là-bas au plan politique, très connu, très influent. Il expliquait à quel point il veut laisser sa marque sur les générations futures, notamment par ses écrits. Alors, il accepte une discipline de vie très austère pour être plus productif. Donc, il évite les soirées mondaines auxquelles il est régulièrement invité. Il va pas et en parlant de ses nombreux essais, des romans, des pièces de théâtre qu'il a écrit, en parlant des institutions qu'il a fondées, et même des mouvements qu'il a créés, cet homme a laissé échapper une petite phrase qui, je pense, résume au fond peut-être sa philosophie de la vie. Il a dit, en parlant de ce qu'il va laisser derrière lui, il a dit: "Ça, c'est une œuvre", il parlait de sa production littéraire. "Ça, c'est une œuvre." Mais vous savez, ça aurait pu être dans un autre domaine. Ça aurait pu être dans le domaine musical, sportif. Ça aurait pu l'être par rapport à la vie familiale, par rapport à une passion quelconque, dans le monde des affaires. On peut dire: "Ça, c'est une œuvre."

Voilà ce à quoi le monde m'appelle. Je suis invité à créer ma propre œuvre et à fonder mon identité et mon bonheur sur mes réussites et sur mes accomplissements. Problème: c'est très risqué. Pourquoi? Parce que ça marche pas à tous les coups, et parfois le château de cartes, il s'effondre. Mais Dieu nous invite ce matin à contempler l'ensemble des ressuscités, spirituellement parlant: des personnes unies à Christ, l'Église, la nouvelle Création, et à dire: "Ouais, ouais, ça, c'est une œuvre." C'est son œuvre, c'est pas notre œuvre. C'est lui qui l'a faite par sa grâce. J'en fais partie, mais je ne pratique pas le bien pour marquer des points devant Dieu ou devant les hommes. Je pratique le bien parce que mon salut me pousse dans cette direction, et parce que j'ai été recréé pour ça, tout simplement.

En terminant, je te pose la question: est-ce que tu t'es merveillé encore de temps en temps? Là, on est à l'aiguille du midi. Alors, comment tu te sens quand tu lis ces lignes de l'Écriture?

Les trois points de ce texte nous ont fourni trois grands secrets de l'émerveillement:

  1. Premier secret de l'émerveillement: m'émerveiller de mon salut.

    C'est arrêter de penser que j'étais pas si pire que ça, que j'étais dans la bonne moyenne, et c'est accepter le verdict de Dieu. J'étais mort, esclave, et condamné. Point.

  2. Deuxième secret de l'émerveillement: m'émerveiller de mon salut.

    C'est arrêter de penser qu'il est normal que je sois devenu chrétien. C'est quand même quelque chose d'affreusement inattendu, non? L'amour de Dieu, c'est la plus grande surprise de l'histoire et de ton histoire personnelle. Ou si le passage de la mort à la vie et à la victoire.

  3. Troisième secret de l'émerveillement. m'émerveiller de mon salut.

    C'est arrêter de penser que Dieu a fait sa part et que je dois maintenant faire la mienne tout seul, que je dois me construire moi-même, me construire une vie chrétienne, et c'est reconnaître que même le bien que je fais, Dieu l'a préparé à l'avance, et que ça aussi, eh bien, ça fait partie de sa grâce.

Que Dieu nous émerveille par la puissance qu'il a déployée en nous sauvant. Nous sommes ressuscités avec Christ, frères et sœurs, bien vivants dans une nouvelle création, bien victorieux dans le monde céleste, marchant en conséquence dans des chemins tout tracés, criant: "Merci, Père, pour ce salut en Jésus-Christ!"

Prédication publiée pour la première fois le 2 octobre 2018. Je l’ai republiée avec la transcription complète et un enregistrement de meilleure qualité.

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