Comment s’entourer d’une forteresse de joie?

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Le verset est bien connu: "Ne vous affligez donc pas, car la joie que donne l’Éternel est votre force." (Néhémie 8.10) Néanmoins, il suscite au moins deux questions:

  • De quel type de force est-il question?
  • Quelle est cette joie que donne l’Éternel?

1. Une « forteresse » de joie

La force évoquée dans ce verset correspond à une force défensive plutôt qu’à une force offensive. Certaines versions et certains spécialistes traduisent « forteresse » ou « protection ». Dans d’autres passages, le même mot hébreu est traduit « refuge ». Ainsi, la joie de l’Éternel (c’est-à-dire la joie que donne l’Éternel) peut devenir dans notre vie une véritable protection, une réelle forteresse.

Mais contre quoi avons-nous tant besoin d’être protégés dans notre marche de croyants? Au minimum contre la tentation de nous décourager dans l’épreuve (elle est parfois très forte), contre les attraits du péché (ses apparences sont trompeuses), contre l’abattement à la suite d’un échec (nous l’avons tous connu).

2. La joie de comprendre le message de la grâce divine

De quoi est faite une telle forteresse? Quelle est la nature de la joie qui l’érige? Pour répondre à ces questions, replongeons-nous dans le contexte de l’époque.

En réalité, les Israélites sont en pleurs. Lors d’une grande assemblée, Esdras vient de lire la Loi sur la grande place, depuis l’aube jusqu’à midi. Tous, hommes, femmes et enfants ont été attentifs à la lecture de l’Écriture. Pourtant, en Néhémie 8.9, nous lisons: « Tout le peuple pleurait en entendant les paroles de la Loi. »

Pourquoi une telle tristesse? Rentrés de l’exil à Babylone un siècle plus tôt, les Israélites vivent désormais sous la domination de l’empereur perse. La lecture solennelle de la Loi dans ce contexte de domination étrangère a pour effet de mettre le peuple devant l’ampleur de son péché et de le confronter aux conséquences tragiques de sa rébellion. Le chapitre suivant (Néhémie 9) met d’ailleurs en scène la confession émouvante des péchés du peuple.

Mais Esdras et les autres responsables refusent de laisser l’assemblée dans cet état pathétique. Que font-ils alors? Ils ne se contentent pas de lancer des formules du type « le passé, c’est le passé! » ou « ce n’est pas si grave, tout le monde fait des erreurs! ».

Les responsables optent plutôt pour l’enseignement fidèle de la Loi. Avec patience, ils font comprendre le texte biblique aux personnes réunies:

  • « [Ils] expliquèrent la Loi au peuple qui se tenait debout. » (Néhémie 8.7)
  • « Ils lisaient dans la Loi de Dieu et expliquaient au fur et à mesure, de façon posée et distincte, afin que chacun puisse comprendre ce qu’ils avaient lu. » (Néhémie 8.8)

C’est par une telle explication de la Loi de l’Ancien Testament que les pleurs se changent ensuite en réjouissances:

Tout le peuple pleurait en entendant les paroles de la Loi. Alors Néhémie le gouverneur, Esdras le prêtre et spécialiste de la Loi, et les lévites qui donnaient les explications au peuple dirent à tous: Ce jour est un jour de fête consacré à l’Éternel votre Dieu. Ce n’est pas le moment de pleurer et de prendre le deuil!

Le dernier verset du texte (Néhémie 8.12) est la clé de l’ensemble du passage:

Alors tous allèrent manger et boire, faire porter des parts aux pauvres et organiser de grandes réjouissances. Car ils avaient bien compris les paroles qu’on leur avait enseignées.

En d’autres termes, la juste compréhension de la Loi change la tristesse en joie.

Esdras et son équipe avaient bien compris un principe: toute l’Écriture est porteuse du message de la grâce de Dieu. Même la Loi (les cinq premiers livres de la Bible) est pleine de promesses et d’espérance!

Quand nous comprenons vraiment le triomphe de la grâce, la joie de l’Éternel devient notre forteresse dans le combat contre le péché.

Conclusion: 2 vérités à saisir pour que notre joie soit solide comme une forteresse

Vérité 1: la gravité de notre péché

Dans notre texte, la joie de l’Éternel n’apparaît pas au contact initial de l’Écriture; elle intervient seulement en second lieu. La réaction première à la lecture de la Loi est l’affliction et le deuil. C’est sur cette toile de fond faite de repentance et de contrition que se dessine ensuite une joie incomparable.

Voilà le cadre biblique de la joie. Sous l’ancienne comme sous la nouvelle alliance, la plus grande joie est toujours la joie du pécheur pardonné. C’est seulement dans la mesure où l’on comprend la gravité de ses fautes que l’on peut apprécier l’immensité de son salut. Plus je suis sensible à la réalité de mon péché, plus je prends conscience de la grandeur de mon Sauveur.

Vérité 2: le triomphe de la grâce de Dieu

Nous l’avons vu, les Lévites demandent au peuple d’arrêter de pleurer. Certes, il est nécessaire de regarder nos péchés en face. Parfois, le mal commis est si considérable que les larmes sont à propos. Mais à un moment, il faut arrêter de pleurer.

Pourquoi? Parce que la grâce de Dieu a triomphé. Nous qui connaissons la croix de Christ, anticipée par la Loi et par l’ensemble de l’Ancien Testament, nous en savons quelque chose.

N.B. Cet article est une republication (je l’avais déjà publié sur mon blog). 

Dominique Angers

Doyen de la Faculté de Théologie Évangélique à Montréal (Université Acadia), Dominique Angers y est aussi professeur de Nouveau Testament et de prédication. Docteur en théologie de l’Université de Strasbourg, il s’exprime régulièrement sur son podcast vidéo d’enseignement biblique, “Parle-moi maintenant”. Il est l’auteur du livre La méditation biblique à l’ère du numérique et du Commentaire biblique Parle-moi maintenant par Éphésiens. Son prochain commentaire, Parle-moi maintenant par Marc, paraîtra chez BLF.

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