Comment les Israélites utilisaient-ils les Psaumes?

HerméneutiquePsaumes

Je trouve parfois difficile de savoir quoi faire avec les Psaumes. Il s’agit de textes poétiques, traitant d’un grand nombre de thèmes, sans suite logiques, qui étaient chantés aux temps bibliques. Pour savoir comment les utiliser aujourd’hui, il semble raisonnable de commencer en se demandant comme les israélites les utilisaient à leur époque.

Il se trouve que nous avons deux exemples d’utilisation des Psaumes dans l’Ancien Testament. Ces deux exemples nous donnent des indices pour comprendre comment nous devrions les utiliser aujourd’hui.

L’exemple d’Anne

En 1 Samuel 2.1-10, Anne, la mère de Samuel, prononce une prière. Elle était stérile, mais l’Éternel lui a permis d’avoir un fils. Au comble de sa joie, elle adresse cette louange à Dieu. Il est intéressant de noter qu’il existe un lien clair entre cette prière et le Psaume 113. Le lien le plus évident est une citation directe en 1 Samuel 2.8:

De la poussière, il retire le pauvre, du fumier, il relève le faible, pour les faire asseoir avec les grands.

La même phrase se retrouve au Psaume 113.7-8. Il est donc évident qu’il existe un lien entre les deux textes. Quel est ce lien? Il y a trois options: (1) soit le Psaume 113 a inspiré la prière d’Anne, (2) soit la prière d’Anne a inspiré le Psaume 113, (3) soit une autre source a inspiré les deux textes. On ne peut déterminer de manière certaine laquelle des trois options est la bonne. Toutefois, j’aimerais donner quatre arguments en faveur de la première option:

  1. Le Psaume est plus court. La prière d’Anne est plus longue. Il semble plus probable qu’Anne ait amplifié le Psaume, plutôt que le Psaume ait réduit la prière d’Anne.
  2. Le Psaume est plus général. La prière d’Anne est plus étroitement appliquée à une situation particulière. Il semble donc plus probable qu’Anne se soit inspirée du Psaume dans son contexte.
  3. Le Psaume 113 ne comporte aucune suscription. Il est vrai que beaucoup de Psaumes sont attribués à David ou à des auteurs postérieurs à David (donc postérieur à Anne). Ce n’est pas le cas de ce Psaume. Il est donc possible qu’il soit plus ancien.

Dans la tradition juive, ce Psaume fait partie de la collection des Psaumes récités lors de la fête de Pâques (Psaumes 113 à 118). Aucun de ces Psaumes n’a de suscription. Mais le Psaume 114 fait clairement référence à l’Exode. Il se pourrait que cette collection de six Psaumes soit ancienne.

Si, en effet, le Psaume 113 a inspiré la prière d’Anne, qu’est-ce que cela nous apprend sur la manière qu’avaient les israélites d’utiliser les Psaumes?

  1. Anne connaissait le Psaume. Elle le connaissait suffisamment pour pouvoir s’en inspirer au moment opportun. Elle le connaissait peut-être par cœur, comme nous connaissons aujourd’hui des cantiques par cœur.
  2. Anne s’est approprié le Psaume. Elle ne dit pas “louez l’Éternel”, mais “MON cœur se réjouit en l’Éternel”. Elle contextualise le Psaume à sa situation.
  3. Anne s’inspire de la structure du Psaume. Elle commence par une acclamation de louange, puis elle dit que l’Éternel est au-dessus de tout, finalement, elle dit que l’Éternel sauve le pauvre. Le Psaume a la même structure.
  4. Anne a développé le Psaume. Chacune des trois parties du Psaume est plus développée dans la prière d’Anne. Elle a donc pris le temps de méditer et d’approfondir le Psaume.
  5. Anne a repris les thèmes du Psaume. Le contexte de la prière d’Anne est très lié à la stérilité. Le Psaume aborde lui aussi la stérilité. Il y a un lien thématique qu’Anne a exploité pour l’élaboration de sa prière.

L’exemple de Jonas

En Jonas 2, Jonas adresse une prière à Dieu. Cette prière n’est pas inspirée d’un Psaume, comme dans le cas d’Anne, mais elle trouve des points de contact avec plusieurs Psaumes. Voici quelques-uns des parallèles identifiables:

  • Jonas 2.3 trouve un écho en Psaume 18.7, Psaume 118.5 et Psaume 120.1. Dans ces trois Psaumes, le psalmiste crie à Dieu du fond de sa détresse.
  • Jonas 2.4 cite presque mot pour mot le Psaume 42.8.
  • Jonas 2.5 reprend l’interpellation du psalmiste en Psaume 31.23: “Je suis chassé loin de ton regard.”
  • Jonas 2.6 trouve un écho en Psaume 69.2-3
  • Jonas 2.7 évoque le fait de remonter de l’abîme comme les Psaumes 30.4 et 71.20.
  • Jonas 2.10 reprend le Psaume 3.9.

Autrement-dit, lorsque Jonas est dans le ventre du poisson, au cœur de la détresse, il compose une prière inspirée des Psaumes qu’il connaît. Cela démontre une solide connaissance du psautier et une capacité à s’en inspirer de manière adaptée au contexte.

Conclusion

Anne et Jonas vivent des situations très différentes. Anne exprime sa joie, Jonas sa détresse. Pourtant, chacun prie Dieu en utilisant les Psaumes. Cela devrait nous encourager à lire les Psaume, à les méditer et même à les apprendre par cœur. Toutes les grandes émotions de la vie humaine sont vécues et décrites par les psalmistes. Il s’agit d’une ressource inestimable de réconfort et d’inspiration pour notre propre vie de prière.

En lien avec cela, j’aimerais vous partager un rêve personnel: J’aimerais voir un recueil de cantique, dans un style actuel, qui serait une adaptation des psaumes. Les auteurs ne seraient pas des auteurs actuels, mais ce serait David, Moïse ou Salomon. Les musiciens qui mettraient les psaumes en musique seraient des adaptateurs des textes canoniques (et non des auteurs à proprement parler). Je crois qu’un tel recueil serait une ressource inestimable pour l’Église de Jésus-Christ du XXIᵉ siècle.

Jonathan Meyer

Jonathan Meyer est pasteur à l’Église de l’Action Biblique de la Servette à Genève. Il est marié et père de 4 enfants. Passionné par la lecture de la Parole, Jonathan a créé un plan de lecture de la Bible en 3 ans à suivre avec son Église locale.

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