Mon mari Rob est décédé dans un tragique accident de montagne à l’âge de 41 ans, et la question qui était sur mon cœur, ce n’était pas « Pourquoi? ». Bien sûr, mon chagrin était immense, mais je savais bien que le mal fait partie du monde, et que celui-ci est marqué par la malédiction du péché. Nos jours sont comptés, et personne n’en connaît la fin, nous le savons tous. La souffrance et les pleurs ressemblent à des fils noirs participant à la magnifique tapisserie composée de ce que Dieu a créé, et appelé bon.
Je n’ai pas demandé « Pourquoi, Seigneur? » ou « Pourquoi moi? ». Mais lors de la mort de Rob, j’ai souvent demandé « Et maintenant? » Comment agir au mieux avec cette souffrance qui avait assombri mon chemin? Quelle réponse adaptée pouvais-je apporter à une tragédie qui m’échappe complètement? Quelle devait être mon attitude envers le monde et envers Dieu, alors que la perte était si lourde? La vie que nous avions construite avec mon mari depuis presque 20 ans s’écroulait brusquement, et je savais que pour survivre et me relever, je devais m’accrocher à Jésus. Je savais que je devais parvenir quelque part à cette affirmation avec Job:
Le Seigneur a donné, le Seigneur a repris. Que le nom du Seigneur soit loué.
Jb 1.21
Mais je ne savais pas comment y parvenir.
Depuis quelque temps, alors que je me retrouve souvent à encourager les personnes en deuil, je bénéficie avec reconnaissance du nouveau livre d’Eric Ortlund: Suffering Wisely and Well: The Grief of Job and the Grace of God [NDT: non traduit en français à l’heure actuelle].
Cumulant la précision d’un enseignant et le cœur d’un pasteur, cet ouvrage invite ses lecteurs à cheminer avec les deuils (autant les leurs que ceux de leurs amis) avec positivité, honnêteté et espoir. Même si son contenu peut parfois être dense pour un lecteur traversant une lourde épreuve, le livre offre au moins un support biblique précieux pour supporter la souffrance et le deuil. C’est aussi un guide rempli de sagesse et indispensable à tous ceux qui se retrouvent propulsés dans le rôle des amis de Job, et qui veulent offrir un meilleur réconfort que celui que Job a reçu de leur part.
En parcourant le livre de Job chapitre après chapitre, l’auteur de Suffering Wisely and Well balise solidement le terrain, tant pour celui qui souffre que pour son entourage. Après un bref aperçu des différentes sortes de souffrance, on entre dans le vif du sujet: une étude textuelle des conversations entre Job et ses amis, et entre Job et Dieu.
En affirmant que « la façon dont nous nous parlons les uns aux autres intéresse fortement Dieu » (p. 169), Ortlund prend le temps de développer ce qui cloche chez les amis de Job, alors qu’ils essaient de trouver des explications sur la souffrance de leur ami.
En parcourant ces pages, il est probable que nous réalisions que nous n’avons parfois pas fait beaucoup mieux qu’Éliphaz, Bildad et Tsophar avec nos amis qui souffrent. Certainement, nous nous sommes tous égarés en essayant d’expliquer la souffrance de quelqu’un d’autre. Au cours du commentaire, verset par verset, l’auteur révèle notre tendance malsaine à accabler et juger les victimes du mal. Il nous met en garde de ne pas s’ingérer dans la souffrance de quelqu’un d’autre en prétendant que nous y avons compris quelque chose.
Que Dieu nous épargne de consoler les autres si froidement, de penser être gentils avec eux alors que notre attitude est en réalité affreuse. (p. 79)
Cependant, si vous êtes comme tant d’amis bien intentionnés que je côtoie, vous souhaitez certainement plus qu’une liste de « Ne fais pas » pour prendre soin d’une personne qui souffre dans votre entourage ou votre famille. Vous avez besoin de bons mots à dire et de bonnes actions à entreprendre. Et là encore, l’auteur du livre de Job, tout comme Ortlund qui le commente, nous donnent des pistes concrètes. En établissant un contraste avec les amis de Job, Eric Ortlund met en avant le portrait de l’ami divin, l’ami parfait: celui qui rejoint Job sur son tas de cendre, qui l’écoute dans sa colère et ses frustrations, qui lui offre un aperçu de sa puissance et de son amour.
Si vous cherchez comment être un bon ami pour une personne qui souffre, Suffering Wisely and Well sera d’un grand secours.
Au beau milieu d’un passage passionnant à propos du Béhémoth et du Léviathan, Ortlund dévoile une perle de sagesse que tout ami qui accompagne une personne en souffrance, ou la personne qui souffre elle-même, devrait garder dans sa poche.
La seule personne qui voit réellement ce qui ne va pas dans le monde est celle qui promet qu’il ne le laissera pas indéfiniment dans cet état (p. 157)
Voulez-vous être un bon ami? Désirez-vous traverser votre souffrance du mieux possible? Laissez-vous guider par cette parole de sagesse.
Malgré toutes nos meilleures intentions, nos bons repères théologiques et notre batterie de textes bibliques, personne d’entre nous n’est capable d’expliquer la volonté de Dieu dans la souffrance de quelqu’un d’autre. Cela ne veut pas pour autant dire que nous n’avons rien à offrir.
Au lieu d’essayer de comprendre les plans de Dieu, nous devons expérimenter la présence de Dieu comme celle de l’ami idéal qui nous apporte exactement ce dont nous avons besoin. Dieu écoute les griefs de Job sans l’interrompre, sans se mettre en colère. Dieu accueille avec empathie les complaintes de Job même si elles ne sont pas pleinement justifiées ou si elles manquent de discernement. Cet ami parfait ne va pas se moquer de lui, le rabaisser ou le juger. Il s’engage à rester aux côtés de Job jusqu’à ce que passent sa colère, sa tristesse, ses doutes et sa frustration. Voici des qualités que nous devons tous cultiver, sans en faire toutefois un remède facile pour réconforter les gens en surface. Mais il s’agit plutôt de croire fermement que le Dieu souverain accomplira toute justice en son temps.
Quand on traverse une épreuve, on ressent souvent, en plus de notre propre peine, la solitude et le désespoir. Nous ne pouvons pas soulager la peine de quelqu’un d’autre, ni atténuer la nôtre.
Mais au cœur de la souffrance, quelle qu’elle soit, nous pouvons nous tourner vers Dieu en toute honnêteté en plaçant en lui notre espérance. Ce n’est pas là une simple recette de vie chrétienne qui règlera tous nos problèmes. Comme l’a écrit C.S. Lewis, « Nous devons déposer devant Christ ce qui est en nous, pas ce qui devrait être en nous. »
Job nous enseigne qu’il est légitime de nous lamenter, si nous en avons besoin, même si cela s’étale sur de nombreux chapitres! Nous n’avons pas besoin de nous torturer l’esprit à la recherche du péché qui aurait causé notre souffrance. Il n’est pas non plus nécessaire de trouver à tout prix une leçon que Dieu voudrait nous apprendre pendant l’épreuve.
Au contraire, il est bien plus profitable, quand des souffrances inexplicables traversent notre route, de se demander: « Et maintenant? ».
Ce que Dieu nous demande, c’est avant tout de rester fidèle, pas de tout comprendre.
Restons connectés avec les autres, quitte à devoir faire le tri dans les conseils de nos amis à la lumière de Dieu quand c’est nécessaire. Gardons ce qui est bon pour nous et débarrassons-nous du reste.
Continuons à prier, même quand nos mots sont remplis de colère ou de désespoir.
Revenons sans cesse à celui qui voit la terrible étendue du mal et qui ne reculera jamais devant sa mission de nous en sauver.
Pour aller plus loin
Merci à Cédric Jung pour la traduction de cet article. Traduit de l’anglais avec autorisation. www.thegospelcoalition.org