Vocation: mon choix, ou l’appel de Dieu?

Mandat culturelConnaitre la volonté de DieuVocations

Quand on parle de la vocation, un aspect de cette doctrine va à l’encontre de tous les livres de développement personnel, des séminaires professionnels, des discussions autour de "vos projets", et même de vos décisions difficiles à prendre. Malgré ce que notre culture veut nous faire croire, une vocation ne relève pas d’une décision personnelle. Nous ne choisissons pas nos vocations, nous sommes appelés à elles. Cela fait une grande différence.

Tu n’as pas le choix!

Cela se voit dans notre première vocation dans la vie, au sein de la famille que Dieu a choisie pour nous amener au monde. Nous n’avons pas choisi nos parents. Nous n’avons pas choisi nos frères et nos sœurs. En réalité, même nos parents ne nous ont pas choisis. Ils ont pu choisir de nous donner la vie (ou, pour ceux d’entre nous qui sont adoptés, ils ont pu aller nous chercher) mais ils n’ont pas choisi exactement la personne que nous allions devenir, que nous sommes aujourd’hui. Je soupçonne même que les "fabriques de bébé sur mesure" (si elles deviennent réalité grâce à la technique génétique) continueront à décevoir les parents: ils trouveront toujours quelque chose à redire à propos de la personnalité de leur enfant.

Dans le mariage, si un couple a effectivement décidé de se marier, il n’est pas juste question de choisir un conjoint, c’est-à-dire effectuer une sélection parmi plusieurs options. Il s’agit aussi en grande partie d’être choisi (il l’a choisie, mais elle l’a aussi choisie); c’est, en fait, être appelé.

Nous n’avons pas non plus choisi le pays dans lequel nous sommes nés. Certes, il est possible d’émigrer, de changer de nationalité, mais cela ne change pas le fait que le monde dans lequel nous grandissons façonne notre être; en quelque sorte, il nous est aussi “donné”.

La vocation dans notre Église locale n’est pas plus un choix qui relève de notre part. Beaucoup imaginent qu’il est plus authentique de choisir sa propre théologie que d’être "né" dans telle ou telle communauté chrétienne. Pourtant, comme Samuel Johnson l’a relevé, l’Église dans laquelle vous avez grandi est l’Église dans laquelle Dieu vous a placé. Bien sûr, les chrétiens peuvent rejoindre d’autres communautés, s’ils cessent de croire à l’enseignement de leur Église, ou s’ils parviennent à penser qu’une autre tradition théologique est plus fidèle à la Parole de Dieu.

Mais la mentalité du "papillonnage" entre Églises reste dangereuse, car elle amoindrit l’idée de membre. Être membre d’une réalité locale du corps de Christ se réduit à une question de préférence, de choix, de consommation. On recherche une Église qui se conforme à nos désirs. Ce qui se passe au plus profond d’une personne qui se convertit à Christ ne relève pas uniquement d’une volonté personnelle (et ceci, peu importe notre théologie sur le rôle de la grâce et du libre arbitre).

Mais à tous ceux qui l’ont reçue, à ceux qui croient en son nom, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, lesquels sont nés, non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu.

Jean 1.12-13

L’Écriture parle plutôt de la manière dont les croyants sont “appelés” à la foi.

Ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés.

Romains 8.30

Mais je choisis au moins mon travail, non?

À propos de notre profession, il est évident que nous choisissons notre métier. Quand nous étions enfants, les adultes nous demandaient toujours: “Que voudras-tu faire quand tu seras plus grand?” Et la réflexion était sérieuse pour savoir qui nous "voulions" être: une fois pompier, une fois vétérinaire… Plus tard dans notre scolarité, nous avons été informés sur les différents débouchés de nos études, les fourchettes de salaire associées, les perspectives d’embauche, pour nous aider à prendre les bonnes décisions pour notre carrière.

Malgré tout cela, nous n’avons, en essence, pas réellement choisi notre métier. Si j’avais pu vraiment choisir ce que je voulais faire, j’aurais choisi "joueur de baseball professionnel". Mais malgré cette envie très forte d’être sportif de haut niveau, même si ce "choix" pouvait être déterminé, je n’aurais jamais pu le devenir. Je n’en ai ni les capacités ni le talent. Même si mon désir est grand, je ne sais pas frapper, je ne sais pas courir, je ne sais pas attraper les balles. Aucune équipe ne m’embaucherait. Le baseball n’est clairement pas ma vocation.

Quand j’étais jeune, j’aimais les avions. En parcourant le matériel d’orientation professionnelle à l’école, la question s’est posée: “Que veux-tu être?” Je me suis mis alors à penser: “J’aimerais être un ingénieur aéronautique.” Mais j’ai appris ensuite que cela ne consistait pas simplement à dessiner des modèles d’avion. Je n’étais pas très bon en maths, et les sciences physiques m’ennuyaient profondément. Il n’y avait aucun moyen pour que je puisse me lancer dans cette carrière.

“Que veux-tu être?” est une très bonne question. Mais ce que tu es, relève en grande partie de ce que tu as reçu. Tes souhaits, tes désirs, tes rêves, tes choix dépendent de qui tu es.

Qui es-tu, selon le Dieu qui t’a créé?

Dieu, en utilisant ta famille et ta culture, t’a créé tel que tu es. La doctrine de la vocation est liée au mystère de l’individualité: Dieu a créé chaque être humain différent de tous les autres, et lui adresse un appel particulier à chaque étape de la vie.

Ainsi, vous avez des talents, que vous pouvez accueillir comme des dons de Dieu. Vous avez une personnalité particulière, des centres d’intérêt, des goûts et des couleurs que tout le monde ne partage pas. C’est là la perfection de la création divine: deux personnes créées par Dieu ne sont jamais identiques (de même, deux feuilles ou deux flocons de neige)!

Les vocations sont donc uniques, car jamais deux personnes n’occupent exactement la même place dans la société, dans l’Église, sur le lieu de travail. Pour trouver votre vocation, il vous faut donc discerner les talents que Dieu vous a confiés (ce que vous pouvez faire) et la personnalité que Dieu vous a donnée (ce que vous êtes).

Un étudiant peut choisir de se spécialiser dans la comptabilité pour des raisons financières (il a lu quelque part que les comptables sont très demandés et très bien payés). Pourtant, s’il est nul en maths, il va probablement rater ses cours de comptabilité: c’est le signe que ce n’est pas là sa vocation. Ou peut-être a-t-il un niveau suffisant en maths pour réussir ses examens; mais s’il n’aime pas son travail, s’il s’ennuie à l’idée de clôturer des exercices comptables, il ne sera pas un bon expert-comptable. Ce n’est probablement pas son appel.

Un ami professeur d’université m’a raconté l’histoire d’un de ses anciens étudiants. Celui-ci ne parvenait pas à maintenir ses notes à un niveau suffisant. Mais, dévoué et déterminé, il continuait à s’inscrire à des cours, à repasser les examens qu’il avait ratés, et à étudier jour et nuit. Finalement, épuisé, il s’est rendu compte qu’il devait prendre un semestre de congé.

Il a commencé un travail dans un domaine qu’il aimait: la mécanique automobile. Dans son garage, il est monté en grade, prenant des responsabilités toujours plus grandes, et gagnant ainsi toujours plus d’argent. Au bout du semestre, il a senti qu’il devait retourner à l’université, mais il était tellement attaché à son métier dans l’automobile qu’il ne voulait plus le quitter. Il s’est confondu en excuses auprès de son professeur d’université, mais il n’aurait pas dû: il avait trouvé sa vocation!

Vivre dans une culture du choix

Dans notre société obnubilée par les choix à faire, on met en avant le pouvoir que chacun possède à déterminer sa propre vie. On choisit même "ses valeurs". Quand il faut choisir entre l’avortement ou l’accueil d’un bébé, rester vivant ou être tué par un médecin, chacune des deux options est considérée comme moralement bonne: c’est "un choix".

Les gens choisissent aussi leurs propres croyances. Et peu importe ce que quelqu’un choisit, c’est toujours un bon choix “pour cette personne”. Lorsqu’on tente de persuader quelqu’un de prendre un autre chemin ou d’adopter une vérité absolue, cela est ressenti comme l’imposition de votre propre choix sur une autre personne. “Vous n’avez pas le droit d’imposer votre point de vue à quelqu’un d’autre!” Cependant, les croyances intellectuelles reposent sur l’intelligence, et pas sur la volonté. La moralité repose sur des absolus moraux, et pas sur nos désirs humains. Les chrétiens savent que notre volonté est marquée par la chute, ce qui en fait un piètre guide.

Dieu est souverain dans nos choix

Je ne veux pas dire que nous n’effectuons pas de choix. Même en cherchant sa propre vocation, il y a des décisions difficiles à prendre. Que ce soit les études à entreprendre, ou l’offre d’emploi que je vais accepter. Ou encore d’autres choix vocationnels comme: “Devrais-je rejoindre cette Église?” “Pour qui devrais-je voter?” “Devrais-je l’épouser?” Mais, au final, quand on regarde en arrière, on voit clairement qu’il y avait quelque chose de plus grand que nos choix: le plan global de Dieu.

Le cœur de l’homme fait des projets, mais c’est l’Éternel qui dirige ses pas.

Proverbes 16.9

Il nous faut agir et faire des choix ici et maintenant, mais nous pouvons le faire avec confiance, sachant que Dieu intervient dans nos vies et dans nos circonstances, en nous appelant selon son plan.

Cet article est une adaptation de l’ouvrage God at Work: Your Christian Vocation in All of Life écrit en 2002 par Gene Edward Veith Jr., professeur de littérature aux États-Unis. Traduite de l’anglais par Cédric Jung, avec autorisation.

Gene Edward Veith Jr.

Gene Edward Veith (PhD, Université du Kansas) est auteur, doyen et professeur de littérature émérite au Patrick Henry College. Auparavant, il a travaillé comme rédacteur culturel pour le magazine World. Veith et sa femme, Jackquelyn, ont trois enfants adultes et sept petits-enfants.

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