Saviez-vous que l'affaire Jacqueline Sauvage pouvait susciter des échanges intéressants sur la grâce divine?
C’est surtout ce qui différencie la grâce divine de la grâce présidentielle qui retiendra ici notre attention.
En France, tout le monde se souvient de l’affaire Jacqueline Sauvage. En fin décembre 2016, François Hollande accordait une grâce présidentielle totale à Jacqueline Sauvage, pourtant reconnue coupable du meurtre de son mari par la justice française. Les décennies de violences et d’abus sexuels subis par l’accusée et ses filles convainquent l’opinion publique que la place de Mme Sauvage n’est pas en prison.
Ce billet n’est pas un commentaire sur la décision politique rendue par le président français. Je me contenterai plutôt de souligner un contraste qui existe entre la grâce présidentielle dans le droit français et la grâce divine selon l’apôtre Paul. Mon objectif est de mettre en valeur un aspect souvent négligé de la grâce de Dieu telle qu’elle est présentée dans l’Écriture.
Une grâce qui met la justice de côté
Dans le droit français, la grâce présidentielle n’annule pas la condamnation devant les tribunaux, qui reste inscrite au casier judiciaire. Elle annule ou réduit la sanction pénale seulement. D’une certaine manière, la grâce présidentielle va à l’encontre de la décision de justice.
Une grâce qui embrasse la justice
Pour l’apôtre Paul, la grâce divine annule non seulement la sanction mais encore la condamnation qui pèsent sur le pécheur.
Sa condamnation disparaît:
Maintenant donc, il n’y a plus de condamnation pour ceux qui sont unis à Jésus-Christ. – Rm 8.1
Sa sanction (la mort) disparaît aussi:
Car le salaire que verse le péché, c’est la mort, mais le don de la grâce que Dieu accorde, c’est la vie éternelle dans l’union avec Jésus-Christ notre Seigneur. – Rm 6.23
Mais la justice de Dieu n’est pas balayée pour autant. Au contraire, la grâce et la justice se manifestent simultanément dans le sacrifice de Jésus-Christ, mort pour les pécheurs. Le péché n’est pas simplement « oublié », mais il est réellement -et à grand prix- expié. Christ, seul substitut parfaitement qualifié par son innocence, subit pleinement la condamnation et la peine du pécheur coupable.
Ainsi, la grâce de Dieu ne s’oppose pas à sa justice. À l’inverse, le don de la grâce en Jésus-Christ fait éclater la justice de Dieu:
C’est lui [Jésus-Christ] que Dieu a offert comme une victime destinée à expier les péchés, pour ceux qui croient en son sacrifice. Dieu montre ainsi qu’il est juste parce qu’il avait laissé impunis les péchés commis autrefois, au temps de sa patience. Il montre aussi qu’il est juste dans le temps présent: il est juste tout en déclarant juste celui qui croit en Jésus. (Rm 3.25-26)
Je suis reconnaissant pour la forte médiatisation de l’affaire Jacqueline Sauvage. Son dénouement rappelle aux observateurs chrétiens que la grâce divine surpasse n’importe quelle grâce présidentielle (ce sont toutes nos fautes qui sont pardonnées, pas seulement celles qui sont connues du public ou de notre entourage!). En outre, cette affaire attire notre attention sur le fait que la grâce de Dieu honore sa justice infaillible -alors que la grâce présidentielle irrite bien des magistrats.
Article publié pour la première fois le 21/02/2017.
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