Prédications TPSG

La croix et la course (Philippiens 3.10-21)

GlorificationVie chrétiennePrédication

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Publié le

13 mars 2024

Le mot d’ordre qui résume le texte de Philippiens 3.10-21, c’est le suivant: À la suite des champions de la croix, refusons le statu quo et avançons! Dans cette prédication, nous découvrons trois exhortations qui précisent ce grand mot d’ordre.

On vit tous pour quelque chose, n'est-ce pas? On a tous un but dans la vie, qu'il soit avoué ou non.

En 1840, un homme de Neuchâtel en Suisse s'est demandé quel était son but dans la vie avant de connaître Christ. Dans son journal personnel, il a écrit ceci:

Je veux, en toute chose (pensées, paroles, actes); je veux valoir quelque chose le plus possible aux yeux des autres. Voilà mon idole, mon but perpétuel depuis mon enfance. Voilà le ressort de ma vie, le principe qui a tout mis en activité chez moi dès mon enfance, avant même d'aller au collège (en école secondaire) Qu'ai-je cherché? À être loué! Qui ai-je aimé? Ceux qui me louaient! Au collège, quel principe m'a animé, dirigé, poussé à bien faire, comme on dit? Le désir d'être loué par les hommes, mais nullement celui d'être loué par Dieu.

Voilà certainement l'un des buts les plus attirants pour nous tous encore aujourd'hui: être loué par les hommes, être reconnus. Est-ce que ce n'est pas parfois ce qui nous pousse à vouloir bien faire au travail, à l'école, dans tout autre domaine de la vie, le sport, la musique, les loisirs, notre vie familiale?

L'auteur de ces quelques lignes s'appelait Frédéric Godet, et il est devenu l'un des plus grands commentateurs bibliques francophones du 19e siècle. On lit encore ses commentaires aujourd'hui. Ce qu'il décrit là, c'était sa situation avant sa conversion. Puis, l'Évangile a tout transformé en lui et lui a procuré une nouvelle passion.

Quel est le but du chrétien ou de la chrétienne? Quelle est sa passion, et en quoi la croix, qui est le fondement de la vie chrétienne, oriente-t-elle cette passion et la nourrit-elle?

C'est ce qu'on va voir en lisant Philippiens 3.10 à 21. Je lis à partir du verset 10:

10Mon but est de le connaître, lui, ainsi que la puissance de sa résurrection et la communion de ses souffrances, en devenant conforme à lui dans sa mort, 11pour parvenir, si possible, à la résurrection d'entre les morts. 12Ce n'est pas que j'aie déjà remporté le prix, ou que j'aie déjà atteint la perfection, mais je poursuis ma course afin de le saisir, puisque moi aussi, j'ai été saisi par le Christ Jésus. 13Frères, pour moi-même, je n'estime pas encore avoir saisi le prix, mais je fais une chose: oubliant ce qui est en arrière et tendant vers ce qui est en avant, 14je cours vers le but pour obtenir le prix de la vocation céleste de Dieu en Christ Jésus. 15Nous tous donc qui sommes des hommes faits, ayant cette pensée, et si sur quelques points, vous avez une pensée différente, Dieu vous révélera aussi ce qu'il en est. 16Seulement, au point où nous sommes parvenus, avançons ensemble. 17Soyez mes imitateurs, frères, portez des regards sur ceux qui marchent selon le modèle que vous avez en nous. 18Il en est plusieurs qui marchent en ennemis de la croix du Christ. Je vous en ai souvent parlé, et j'en parle maintenant encore en pleurant. 19Leur fin, c'est la perdition. Leur dieu, c'est leur ventre. Ils mettent leur gloire dans ce qui fait leur honte; ils ne pensent qu'à autre chose qu'à la terre. 20Pour nous, notre cité est dans les cieux. De là, nous attendons comme Sauveur le Seigneur Jésus-Christ, 21qui transformera notre corps humilié en le rendant semblable à son corps glorieux, par le pouvoir efficace qu'il a de s'assujettir toutes choses.

Philippiens 3.10 à 21

1. Nous avons connu Christ; apprenons à mieux le connaître (v. 10-11).

Paul écrit "mon but" au verset 10. “Mon but est de le connaître. Mon but dans la vie, la raison pour laquelle je me lève le matin, c'est afin de connaître Christ.” Ces déclarations devraient nous surprendre pour au moins deux raisons.

Première raison: cette affirmation est étonnante à la lumière des 9 premiers versets du chapitre 3, très liés à notre texte et qui en sont le prolongement. Dans ces versets, Paul nous explique qu'il a accepté de tout perdre pour gagner Christ, c'est-à-dire qu'il a renoncé à toute confiance en lui-même, à toute confiance dans ses propres performances religieuses personnelles pour avoir accès à Dieu. Paul a reconnu qu'il était absolument incapable de gagner, de mériter son ciel. Il a accepté que seule la performance parfaite de Christ, que seule sa vie parfaite et sa mort sur la croix, pouvait le rendre acceptable aux yeux de Dieu. Paul a mis toute sa confiance, toute sa foi en Christ seul, parce qu'il a reconnu, d'après le verset 8, l'excellence de la connaissance du Christ Jésus. Le bien suprême de Paul, après le verset 8, c'est de connaître Christ, et selon le verset 9, la seule manière de le connaître, c'est en mettant sa foi, sa confiance en lui, c'est en se tournant vers lui et en l'accueillant comme Sauveur. Et ça, Paul l'a déjà fait. Alors pourquoi? Si Paul connaît déjà Christ, pourquoi est-ce qu'il dit, au verset 10, "mon but est de le connaître"?

Deuxième raison: la déclaration de Paul au verset 10 est surprenante parce qu'au moment où il écrit ces mots, il connaît probablement Christ depuis environ une trentaine d'années. Environ 30 ans se sont écoulés depuis la première rencontre de Paul avec Christ sur le chemin de Damas. Pendant 30 ans, il a vécu avec Christ, pour lui et avec lui. Pourtant, au verset 10, il écrit: “Mon but est de le connaître.” Alors, qu'est-ce que Paul est en train de dire? “Je connais déjà Christ grâce à la croix, mais je veux le connaître davantage.” Après 30 années passées avec lui, je commence à peine à le connaître.

Le terme "connaître" parle d'une connaissance personnelle intime, dans le contexte d'une vraie relation. Connaître Christ, ce n'est pas simplement connaître beaucoup de choses à son sujet. Ce n'est pas une connaissance purement intellectuelle, purement théorique. Paul dit: “Moi, je veux connaître Christ en tant que personne.” Ce sont souvent ceux qui connaissent Christ le mieux qui ont la plus grande soif de le connaître. Pourquoi? Parce que ces personnes n'ont jamais été déçues, elles sont toujours émerveillées et en veulent encore plus. Est-ce que notre but est de connaître Christ?

Mais ça veut dire quoi pour Paul de façon encore plus concrète? D'après ce texte, parce qu'il y a sûrement plusieurs aspects, mais ce passage insiste sur des éléments précis. Selon le verset 10, ça voulait dire connaître la puissance de sa résurrection et la communion de ses souffrances. Notre tendance immédiate, quand on lit ou quand on entend ces deux expressions, c'est de vouloir les séparer. La puissance de sa résurrection d'un côté, la communion de ses souffrances de l'autre côté. La puissance de sa résurrection, c'est pour moi; la communion de ses souffrances, c'est pour toi. Mais on ne peut pas procéder comme ça. Une telle coupure serait injustifiée, comme l'écrit un commentateur à propos du verset 10: Paul fait référence à la puissance de sa résurrection que l'on connaît et que l'on expérimente dans le contexte d'une participation concrète dans ses souffrances. Donc, la puissance de la résurrection s'expérimente dans le contexte d'une participation concrète dans les souffrances de Christ. Les deux sont liés.

Paul est conscient que pour mieux connaître Christ, il doit expérimenter deux choses: un partenariat et une puissance. Le partenariat, c'est la communion dans les souffrances de Christ, et c'est le sens du mot "communion". Ça veut dire partenariat. Comme le Maître a souffert et a souffert jusqu'à subir la crucifixion, ses disciples souffrent aussi à cause de l'Évangile. En Philippiens 1.29, Paul écrit:

Car il vous a été fait la grâce, non seulement de croire en Christ, mais encore de souffrir pour lui.

Philippiens 1.29

Donc, c'est une grâce de souffrir pour Christ.

Tous les mois de janvier, c'est l'occasion de prendre des nouvelles de la famille, et je parle ici de notre grande famille, de nos frères et sœurs à l'échelle planétaire, grâce au beau ministère de Portes Ouvertes. On découvre à chaque début d'année la nouvelle photo de famille, ou pour être plus précis, la nouvelle photo d'une partie tellement précieuse de notre famille qui se retrouve dans l'Index Mondial de Persécution des Chrétiens, l'Index 2023, maintenant en ligne sur Portes Ouvertes.fr.

Alors, quelques chiffres qui viennent de sortir aujourd'hui: les chrétiens sont fortement persécutés dans 76 pays. En 30 ans, le nombre de pays touchés par la persécution des chrétiens a presque doublé. Le nombre de pays aujourd'hui: plus de 360 millions de chrétiens sont fortement persécutés ou discriminés dans le monde en raison de leur attachement à Christ. En un an, 5621 chrétiens ont été tués à cause de leur foi, soit 15 par jour en moyenne. À l'heure actuelle, 2110 églises sont ciblées en Chine, et 4542 chrétiens sont détenus dans 1750 en Inde.

Et si vous voulez savoir quels sont les pires pays, eh bien toute l'info est disponible sur le site internet. Prier pour nos frères et sœurs, c'est le minimum qu'on puisse faire, n'est-ce pas? Et dans quelques minutes, on pourra voir comment on peut prier pour eux. La communion dans les souffrances de Christ, ça peut aller très loin, et pour certains de nos frères et sœurs, ça va très loin.

Aujourd'hui, évidemment, tous les chrétiens ne sont pas destinés à ce genre de persécution, Dieu merci. Puisse la liberté religieuse dont nous jouissons au Québec aujourd'hui être prolongée dans les générations à venir, on prie pour ça. Néanmoins, même dans un contexte paisible comme le nôtre, on doit régulièrement accepter de souffrir dans une certaine mesure si on veut promouvoir la cause de l'Évangile. On doit renoncer à certaines choses, à un certain confort, quand on commence à témoigner au travail, à l'école, dans notre entourage, parmi nos voisins. On peut faire face à de l'opposition. Alors, ce n'est pas toujours le cas, mais parfois, c'est le cas. Certains peuvent se moquer de nous, d'autres peuvent nous rejeter ou nous éviter, on peut perdre des amis à cause de l'Évangile. Connaître Christ, c'est expérimenter un partenariat dans ses souffrances, mais c'est aussi expérimenter une grande puissance, la même puissance qui l’a ressuscité.

Ce qui fait de la souffrance une grâce, ce n'est pas la douleur en elle-même. Paul n'encourage pas à souffrir pour souffrir. Mais ce qui permet à la souffrance de nous faire mieux connaître Christ, c'est que cette souffrance n'est pas seule. Pour les chrétiens, elle est toujours accompagnée de la puissance de sa résurrection. Voici comment on peut imaginer les choses: je souffre pour la vérité, à la suite de mon Maître qui a souffert. Dans ma souffrance, je crie à Dieu: “Aide-moi, Seigneur, viens à mon secours dans cette situation.” Dieu entend ma prière, il déverse sur moi la puissance de la résurrection de Christ. Cette puissance me procure une force surnaturelle, surhumaine, qui me permet de supporter la souffrance, et qui surtout me permet de mieux connaître Christ au cœur même de cette épreuve. Quand ça se produit, quelque chose d'extraordinaire en moi, selon la fin du verset 10, il me rend conforme à Christ, c'est-à-dire qu'il forme le caractère de Christ en moi.

Dans cette perspective, la souffrance n'est plus mon ennemi, elle devient mon allié. Non pas parce que j'aime souffrir, non pas parce que j'aime avoir mal, mais parce que l'épreuve me permet de me rapprocher du but ultime de ma vie, qui est de connaître Christ. C'est pour ça qu'elle a une certaine utilité. Mon but, ce n'est pas le confort, ce n'est pas la facilité, la reconnaissance, le succès apparent. Souvenons-nous que c'est dans la ville de Philippes, où se trouvent les Philippiens, que Paul et Silas avaient été jetés en prison injustement. Après avoir été roués de coups vers le milieu de la nuit, il priait et chantait les louanges de Dieu dans cette prison, et les prisonniers les écoutaient. Voilà ce que peut produire la puissance de sa résurrection. Prions que les chrétiens persécutés y goûtent chaque jour cette année. Prions pour ça, surtout quand ils se sentent désemparés, ce qui est normal.

Quelques mots sur le verset 11 qui pourraient porter à confusion. La version que j'ai lue ce matin, la Colombe, nous dit:

Pour parvenir, si possible, à la résurrection d'entre les morts.

Est-ce que Paul exprimerait un doute quant à sa résurrection future? Non, pas du tout. Je pense qu'il faut privilégier ici la traduction, par exemple, de la version du Semeur:

Afin de parvenir, quoi qu'il arrive, à la résurrection.

Ou encore:

Afin de parvenir, quel qu'en soit le chemin, à la résurrection.

Paul ne sait pas ce qui l'attend. Il est assigné à résidence, ou il est en résidence surveillée à Rome, et il attend de comparaître devant César vers la fin de sa vie. Comment ça va se passer, comment ça va se dérouler, c'est là-dessus qu'il a un petit doute. Il ne sait pas trop comment ça va se passer, mais de quelque façon que ça arrive, il parviendra à la résurrection, et de ça, il est convaincu. Paul n'a aucun doute quant au fait de sa résurrection future, on va d'ailleurs le constater dans quelques instants. Voilà pour notre première exhortation.

2. Nous avons été saisis par Christ; courons afin de saisir le prix (v. 12-16).

Je relis le verset 12:

Ce n'est pas que j'aie déjà remporté le prix ou que j'aie déjà atteint la perfection, mais je poursuis ma course afin de le saisir, puisque moi aussi j'ai été saisi par le Christ Jésus.

Paul utilise ici l'image d'une course, d'une longue course. Il ne s'agit pas d'un sprint, mais plutôt d'un marathon ou d'un parcours d'endurance. En tout cas, Paul dit:

Je n'ai pas encore remporté le prix, je n'ai pas atteint la perfection, je n'ai pas franchi le fil d'arrivée.

Il est en pleine course et dit: “Je poursuis ma course, je vais de l'avant, je ne m'arrête pas.”

La question est: À quoi cette longue course fait-elle référence? Il est clair à mon sens que Paul ne change pas de sujet quand il arrive au verset 12. Il poursuit sa réflexion entamée précédemment sur le but de sa vie qui est de connaître Christ. Ce qu'il essaie maintenant de transmettre, de communiquer par cette image de la course, c'est que son but n'est pas complètement atteint. Même après 30 ans de vie chrétienne, il court encore vers une connaissance plus intime de la personne de Christ. Un jour, selon le verset 14, il obtiendra le prix de la vocation céleste de Dieu en Jésus-Christ.

Quel est ce prix? La pleine connaissance de Christ. Déjà, Paul connaît Christ grâce à la Croix et à la résurrection, et il le connaît de mieux en mieux grâce à la communion de ses souffrances et à la puissance de sa résurrection. Mais un jour, il remportera le prix, c'est-à-dire qu'il verra Christ et le connaîtra autant qu'il sera possible de le connaître. Il aura alors atteint son but. Qu'est-ce qu'on doit faire pour obtenir ce prix final? J'aimerais vous proposer une réponse très astucieuse: on doit courir vers l'avant.

Vers l'avant, ça peut paraître évident, mais est-ce que c'est évident dans notre vie? Paul nous met en garde en réalité contre deux dangers qui nous guettent constamment. Le premier danger, ce serait de courir sur place. Personnellement, je suis peu attiré par la course sur place. Je fais du jogging, j'aime bien courir, surtout dans les parcs près de chez moi. J'aime avancer, j'aime atteindre des buts. J'aime courir jusqu'à tel ou tel point. Si tu es devant moi, j'aime courir vers l'avant.

D'ailleurs, quand je courais avec Laura au début de notre mariage, mon but était toujours devant moi, c'était de la rattraper, parce qu'elle aime la course de compétition, alors que moi j'aime la course de méditation. Alors, on n'avance pas tout à fait au même rythme. J'ai beaucoup de respect pour les gens qui s'entraînent sur ces machines qui vous permettent de courir sur place. Ce sont des individus tout à fait respectables, qui acceptent humblement de transpirer sans avancer. C'est admirable. Moi, je n'ai pas cette volonté de courir chaque seconde vers le même endroit. J'aime la variété, j'aime voir le paysage défiler, même si dans mon cas avec des fils plutôt au ralenti, mais quand même, il y a une petite progression. Eh bien, dans la course chrétienne, on ne peut pas faire du surplace. Comme l'éclair au verset 12:

Ce n'est pas que j'aie déjà remporté le prix ou que j'aie atteint la perfection, mais je poursuis ma course.

Paul, malgré sa grande maturité spirituelle, refuse de rester au même endroit. Il n'est pas un parvenu, quelqu'un qui pense être arrivé. Il ne dit pas: “J'ai fait ma part, je vais laisser les plus jeunes prendre le relais.” Paul avance toujours, et il le fera jusqu'à la fin, jusqu'au bout.

Le premier danger, c'est de courir sur place ou de s'arrêter, c'est d'être satisfait de notre niveau de maturité, de se satisfaire, c'est de dire: “Là, je suis fatigué, il me semble que j'ai beaucoup donné, je n'ai pas forcément envie d'être changé par Dieu, il me semble que j'en ai fait assez.”

Le deuxième danger, c'est de courir en regardant derrière. Très difficile d'avancer quand la tête est tournée vers l'arrière, et pourtant, on le fait. Au verset 13, Paul nous met en garde:

Mais je fais une chose, oubliant ce qui est en arrière et tendant vers ce qui est en avant, je cours vers le but, oubliant ce qui est en arrière.

Paul est en train de dire: “Je ne vis pas aujourd'hui de mes victoires passées, mais j'avance.” “Je ne m'assieds pas sur mes lauriers”, comme on dit parfois. Quelle tentation que celle de rester accroché à une expérience passée, à une délivrance, à une période de croissance accélérée jadis, à une illumination, à une victoire décisive qu'on aurait connue il y a longtemps. Rendons grâce à Dieu pour toutes ces choses, mais ne passons pas le reste de notre vie dans la nostalgie du passé. Dieu nous réserve de nouvelles victoires qui sont situées devant nous, courant vers l'avant pour les saisir. À d'autres moments, on a la tête tournée vers l'arrière parce qu'on n'arrive pas à oublier, non pas des victoires passées, mais telle ou telle défaite, un péché passé, une blessure, un échec, une humiliation. Avouons nos fautes à Dieu et aux personnes impliquées. S'il doit y avoir réconciliation, réconcilions-nous. S'il doit y avoir réparation, dans la mesure du possible, réparons nos torts. S'il doit y avoir pardon accordé de notre part, pardonnons à ceux qui nous ont offensés. Mais une fois qu'on a fait ce que Dieu nous demandait de faire, avançons. Ne passons pas le reste de notre vie dans une paralysie provoquée par une situation passée. Chers amis, le plan de Dieu est devant nous, et qu'est-ce qui nous pousse vers l'avant? C'est la croix, verset 12, parce que j'ai été saisi par Christ. Puisque l'Esprit m'a ouvert les yeux pour que je comprenne ce qu'il a fait sur la croix, je suis émerveillé par tout ce qu'il a accompli pour moi. Parce que j'ai été saisi par Christ, je poursuis ma course pour saisir le prix, pour mieux le connaître.

3. Nous avons cru en Christ; marchons en anticipant son retour (v. 17-21).

Alors, si dans les versets 12 à 16, il était question d'une course, il est maintenant question d'une marche, ce qui n'est pas une invitation à ralentir. Ce n'est pas comme si Paul disait, “On se calme un peu, on y va.” Non, c'est un changement d'image. La course, elle évoque la nécessité d'avancer avec persévérance, comme on l'a vu. La marche, elle évoque le mode de vie, le style de vie à adopter sur terre. Quand j'étais étudiant à la fac de théologie aux États-Unis près de Chicago, il y a une femme qui était professeur dans la même université, mais pas en théologie. Une femme que je ne connaissais pas du tout un jour me voit, elle vient vers moi et elle me demande: “Tu viens de quel pays?” Ou juste, alors j'étais un peu surpris parce que je n'avais rien fait qui puisse laisser entendre que j'étais étranger, style ouvrir la bouche, ce qui aurait révélé mon accent. Alors je lui réponds que je viens du Canada francophone, et elle me fait, “Ah, ouais, je savais que tu n'étais pas américain, ce que tu ne marches pas comme les américains.” Je ne sais pas si c'est un compliment, mais en tout cas, depuis ce jour-là, quand je me retrouve aux États-Unis, je veux dire, je ne sais pas comment marcher.

Comment les chrétiens marchent-ils? Au verset 17, Paul se présente comme un modèle à suivre.

Soyez mes imitateurs, frères, portez les regards sur ceux qui marchent selon le modèle que vous avez en nous.

Mais remarquez que Paul ne cherche pas à attirer les regards uniquement sur sa propre personne, mais plutôt sur tous ceux qui marchent d'après le modèle à suivre.

Ce qui est intéressant ici, ce n'est pas l'identité de la personne à imiter, mais c'est le mode de vie à reproduire. Portez les regards sur ceux qui marchent selon le modèle. Il existe un modèle à suivre, un mode de vie exemplaire qui s'inspire de Christ, et Paul veut que les Philippiens adoptent ce mode de vie en portant les regards sur de bons exemples. Parce que d'après les versets 18 et 19, il y avait aussi à Philippes de mauvais modèles: des enseignants trompeurs, des ennemis de la croix, qui ne pensaient qu'à autre chose qu'à la terre. Ils se disaient chrétiens, s'autoproclamaient prédicateurs sans doute, mais en réalité, ils n'avaient rien compris à l'Évangile et à ses implications, et leur priorité était vraiment douteuse. Il y avait des incohérences dans leur vie. Quel contraste avec l'apôtre Paul et ses compagnons vers ces vins, c'est le modèle positif pour nous.

Notre cité ou notre citoyenneté est dans les cieux. Nous ne sommes pas citoyens de la terre, nous sommes citoyens des cieux. Notre appartenance n'est pas terrestre, mais elle est céleste. Dans le contexte de la ville de Philippes, c'est significatif. Philippes était une ville administrée exactement selon le modèle de Rome. On vivait à Philippes selon les principes, selon les valeurs de Rome, même si on habitait à Philippes, notre cœur était à Rome, la capitale de l'empire. Paul est en train de dire que votre cœur ne soit pas à Rome, mais plutôt au ciel, verset 22, là des cieux nous attendons comme Sauveur le Seigneur Jésus-Christ, qui transformera notre corps humilié en le rendant semblable à son corps glorieux par le pouvoir efficace qu'il a de s'assujettir toute chose.

Est-ce que nous sommes absolument convaincus que notre Seigneur Jésus-Christ viendra du ciel pour achever notre salut? Et c'est la raison pour laquelle il est appelé Sauveur au verset 20. Nous attendons le Seigneur Jésus comme Sauveur. Ce n'est pas seulement sa crucifixion et sa résurrection qui font de lui notre Sauveur, mais son retour futur fait aussi de lui notre Sauveur. Le salut qu'il a commencé en nous, il va le compléter. Comment? En transformant notre corps humilié en corps glorieux. C'est la résurrection finale. Déjà quand on souffre, on goûte intérieurement à la puissance de sa résurrection de façon spirituelle, mais ce jour-là, notre corps humilié sera rendu semblable à son corps glorieux. Toute puissance aura le dernier mot et triomphera.

Est-ce que nous marchons en anticipant son retour en tant que Sauveur? Est-ce que nous sommes habités par l'espérance de la résurrection finale? Est-ce que c'est évident dans notre mode de vie, dans nos choix quotidiens, dans notre comportement, dans nos pensées?

L'une des histoires les plus touchantes dans toute la littérature juive en dehors de la Bible, c'est celle d'une mère juive et de ses sept fils. Cette histoire vient du livre de Deux Macchabées, qui n'est pas un livre inspiré faisant partie de l'Écriture, néanmoins, probablement que cette histoire fait référence à des faits historiques. Je vous dirai pourquoi dans quelques minutes.

On est au deuxième siècle avant Jésus-Christ. Le roi Antiochus IV Épiphane, de culture grecque, domine sur la Palestine avec une main de fer. Il appartient à la dynastie des Séleucides. Il interdit aux Juifs d'exercer leur religion et d'observer la Torah sous peine de les exterminer. C'est ainsi que sept frères sont sauvagement exécutés sous les yeux de leur mère avant que celle-ci ne soit à son tour tuée. Mais qu'est-ce qui empêche les sept frères de renier le Dieu de leurs pères? Qu'est-ce qui leur permet de s'accrocher jusqu'au bout dans cette situation incroyable, après tous les supplices qu'on leur fait subir, qui sont à peine imaginables: le fouet, les nerfs de bœuf, la langue et les extrémités coupées, le brasier, et ainsi de suite, devant maman? Au moment de rendre son dernier soupir, le deuxième fils crie à leur bourreau:

Sélerat que tu es! Tu nous exclu de la vie présente, mais le Roi du monde, parce que nous serons morts pour ses lois, nous ressuscitera pour une vie éternelle.

Quand le troisième fils est désigné, il présente sa langue, comme on le lui demande, et ses mains; il tend les mains, et fait ces déclarations:

C'est du ciel que je tiens ces membres, c'est de lui, du ciel, que j'ai l'espérance de les recouvrer.

Avant d'expirer, le quatrième fils affirme à son exécuteur:

Mieux vaut mourir de la main des hommes en attendant, selon les promesses faites par Dieu, d'être ressuscité par lui, car pour toi, il n'y aura pas de résurrection à la vie.

Whoua… et la maman dans tout ça? Alors que six de ses fils sont morts et que seul le septième, le plus jeune, est encore en vie, le roi lui demande de convaincre son dernier fils de renier sa foi. Elle se penche vers son garçon et elle lui dit:

Mon fils, aie pitié de moi qui t'ai porté dans mon sein neuf mois, t'ai allaité pendant trois ans, t'ai nourri et élevé jusqu'à l'âge où tu es, et qui a pourvu à ton entretien. Je te conjure, mon enfant, regarde le ciel et la terre, contemple tout ce qui est en eux et reconnais que Dieu les a créés de rien, et que la race des hommes est faite de la même manière. Ne crains pas ce bourreau, mais montre-toi digne de tes frères, accepte la mort afin que je te retrouve avec tes frères au temps de la miséricorde.

Pourquoi cette histoire est, non seulement touchante, mais importante? Parce que l'auteur de l'épître aux Hébreux pense peut-être à ces 7 fils et à leur mère quand il fait l'éloge des héros de la foi et qu'il écrit en Hébreux 11.35:

D'autres furent torturés et n'acceptèrent pas de délivrance afin d'obtenir une résurrection meilleure.

Hébreux 11.35

C'est en tout cas l’avis de pas mal de spécialistes de l'épître aux Hébreux. Sommes-nous remplis de l'espérance de la résurrection?

Cette famille juive attendait la résurrection, alors que Jésus-Christ n'avait pas encore foulé la terre. Nous avons une garantie supplémentaire très forte quand même, qu'un Sauveur transformera un jour notre corps, puisque ce Sauveur est venu une première fois mourir sur la croix pour nous, et nous avons dans sa résurrection la garantie de notre résurrection future. C'est absolument certain. Ce Sauveur ressuscité viendra une seconde fois pour transformer notre corps.

Puissions-nous marcher, en étant motivés par l'espérance de son retour et de la résurrection qu'il nous promet. Servir Christ, pour chacun, chacune d'entre nous, ce n'est pas toujours évident, pas vrai? C'est souvent exigeant, il y a un paquet de souffrance qui vient avec ça, mais c'est un prélude à la gloire céleste et éternelle. Ça aussi, on doit s'en souvenir. Quand on vit avec cet état d'esprit, ça change beaucoup de choses. On ne pense pas autant aux choses de la terre, dont il était question dans notre texte, à notre ventre, à notre ego, comme les ennemis de la croix (versets 18 et 19). On est moins préoccupé par ce que les autres pensent de nous, par exemple, parce qu'on vit avec la perspective de l'éternité et de la résurrection à venir.

Avons-nous des modèles qui nous encouragent à cela? On peut aussi retourner la réflexion. Sommes-nous des modèles dans ce domaine en particulier, pour les plus jeunes dans la foi? Est-ce qu'en nous observant, ils voient des hommes et des femmes qui ont les pieds sur terre, mais le cœur au ciel, qui attendent leur Sauveur? À la suite des champions de la croix, refusons le statu quo et avançant vers notre destinée céleste. La croix change tout dans notre vie, non seulement elle nous rend acceptables aux yeux de Dieu, ce qu'on a plutôt dans les neuf premiers versets de ce chapitre, mais elle est un tremplin qui nous propulse vers l'avant. C'est ce qu'on a vu dans les versets 10 à 21. Entendons les trois exhortations de l'apôtre Paul:

  • Nous avons connu Christ, pas vrai? Mais ça ne s'arrête pas là. Apprenons à mieux le connaître.
  • Deuxièmement, nous avons été saisis par Christ, courons afin de saisir le prix.
  • Troisième exhortation, nous avons cru en Christ, marchons en anticipant son retour. Ça va arriver, il reviendra dans la gloire pour achever notre salut.

Prions.

Père, cela peut paraître tellement fou aux yeux de notre société de croire que Jésus-Christ, notre Sauveur, va un jour revenir, mais nous y croyons parce que nous faisons l'expérience de la puissance de sa résurrection aujourd'hui, et cela nous convainc que notre résurrection concernera aussi un jour notre corps. Puissions-nous mieux le connaître dans les jours à venir. Puissions-nous courir avec persévérance vers l'avant sans regarder derrière, et puissions-nous marcher selon le modèle de Jésus-Christ. En son nom, nous te le demandons. Amen.