Sommes-nous toujours pécheurs? Plaidoyer pour un langage plus juste

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Nous avons parfois un discours trop négatif en tant que chrétiens. Ce langage ne reflète pas la réalité de ce que nous sommes, et de ce que Dieu a fait pour nous en Christ.

« Nous sommes des pécheurs... Chaque jour nous te décevons… Nous sommes indignes de nous approcher de toi… »

Nous disons parfois cela dans nos prières individuelles ou en Église. Mais si un tel langage était incomplet?

Oui, il y a de la place pour une tristesse réelle vis-à-vis de notre péché, et il faut des moments où nous les confessons, individuellement et en tant qu’Église. Cependant, veillons à ce que notre manière de nous exprimer rende justice à la manière dont la Bible présente notre statut de chrétiens.

Deux vérités bibliques devraient refaçonner notre langage:

  1. Nous sommes justifiés en Christ,
  2. Notre statut a changé.

1. Nous sommes justifiés en Christ

Nous avons été « justifiés par la foi » (Rm 5.1), grâce à Jésus. C’est le merveilleux échange qui est rendu possible grâce à la vie, la mort, et la résurrection de Jésus:

  • Jésus a pris sur lui la condamnation de notre péché, à la croix. Le jugement que nous devions subir est tombé sur lui (Rm 3.25; 2Co 5.21).
  • Jésus nous recouvre de sa justice, de sa perfection, de toutes ses bonnes œuvres (cf. Ph 3.9; 2Co 5.21).

Pour l’illustrer: notre casier judiciaire qui était rempli de tous nos péchés a été entièrement vidé, grâce à la croix. Dieu nous pardonne en Jésus. Mais plus que cela, ce « casier judiciaire » est rempli de toutes les bonnes œuvres de Jésus, car nous sommes en lui.

Cela veut dire que Dieu prend réellement plaisir en nous. Oui, nous continuons à pécher, comme nous allons le voir, mais Dieu nous voit comme étant « saints, sans défaut et sans reproche » (Co 1.22), parce que la justice de Jésus a été mise à notre compte.

C’est l’accomplissement de cette merveilleuse prophétie de Sophonie:

L’Éternel, ton Dieu, est au milieu de toi un héros qui sauve. Il fera de toi sa plus grande joie, il gardera le silence dans son amour pour toi, il aura pour toi une triomphante allégresse. – So 3.17

Est-ce que cela ne devrait pas changer notre langage, et y apporter plus d’optimisme et de joie? Nous ne nous approchons pas de Dieu avec la crainte d’être rejetés. Nous ne sommes pas « indignes » de nous approcher de Dieu, car nous sommes réellement unis à Jésus-Christ. Oui, nous sommes « indignes » dans le sens où nous ne le méritons pas, et où nous n’apportons rien qui vient de nous-mêmes pour nous rendre acceptables aux yeux de Dieu. Mais couverts de la justice de Jésus, nous pouvons réellement nous approcher du Dieu qui nous accepte les bras grands ouverts, avec joie.

2. Notre statut a changé

Romains 6 est clair sur le changement de statut qui s’opère lorsque nous devenons chrétiens: nous ne sommes plus sous le règne du péché, mais sous le règne de Christ. Ce changement de règne implique un changement radical dans notre relation avec le péché.

Voici quelques extraits de Romains 6:

Nous qui sommes morts au péché, comment vivrions-nous encore dans le péché? – Rm 6.2

(…) nous savons que notre vieille nature a été crucifiée avec lui, afin que ce corps de péché soit réduit à l’impuissance et que nous ne soyons plus esclaves du péché; car celui qui est mort est quitte du péché. – Rm 6.6-7

Libérés du péché, vous êtes devenus esclaves de la justice. – Rm 6.18

Nous sommes morts au péché, nous n’en sommes plus esclaves. Plutôt, nous sommes devenus esclaves de la justice. Il y a eu un changement de maître, lorsque nous sommes devenus chrétiens. (Je vous encourage à méditer tout ce chapitre 6 de Romains pour voir comment Paul décrit ce changement radical de relation avec le péché pour le chrétien.)

Cela a plusieurs implications.

Le péché n’est pas plus fort que nous. Certes, nous ne sommes pas délivrés de la présence du péché (il faudra attendre la gloire à venir pour cela), mais nous sommes réellement délivrés de la puissance du péché. Nous n’en sommes plus esclaves. Nous ne sommes plus obligés de lui obéir. Nous avons, en quelque sorte, les armes nécessaires pour lutter. C’est donc faux de dire: « J’ai toujours été comme ça, je ne peux pas changer. » Non, en Christ, nous pouvons changer, et nous sommes appelés à vivre selon ce que nous sommes: pour la justice, et non plus pour le péché.

Le péché n’est plus ce qui nous définit. Ce n’est pas 50/50 selon Romains 6: comme si nous étions 50% pécheurs, et 50% justes. Non, le changement a été total: nous sommes définitivement morts au péché, et nous sommes entièrement vivants pour la justice. Est-ce que nous sommes encore pécheurs? Oui, car notre chair n’est pas délivrée de la présence du péché. Mais nous ne le sommes pas dans notre statut. Pas dans ce que nous sommes en Christ. Ni dans la manière dont Dieu nous voit, au travers de Christ.

C’est d’ailleurs cela qui nous encourage à ne plus pécher. Le langage du Nouveau Testament est en quelques sortes: « Devenez ce que vous êtes! »

Devenez dans la réalité ce que vous êtes dans votre statut: mettez à mort le péché, et vivez pour la justice. C’est pour cela que notre langage est important: lorsque nous comprenons que le péché n’est plus ce qui nous définit, et qu’il n’a plus de pouvoir sur nous, alors nous sommes réellement motivés à le combattre dans notre quotidien.

Qu’en est-il des péchés que nous continuons à commettre?

Il est évident que nous continuons à pécher. La parole de Dieu le dit:

Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous. – 1Jn 1.8

Nous ne devenons pas parfaits lorsque nous devenons chrétiens. Nous continuons à lutter avec nos anciennes habitudes. Même si nous sommes libérés de l’esclavage du péché, nous vivons trop souvent encore comme si nous étions toujours tenus d’obéir au péché, et de nous soumettre à lui. Nous ne vivons pas en conséquence de ce que nous sommes.

Il est clair également que nous n’arriverons pas sur cette terre à un stade où nous ne pécherons plus, où nous atteindrons la perfection. Oui, nous sommes appelés à grandir en sainteté jour après jour (c’est ce qu’on appelle la sanctification), mais il faudra attendre la gloire à venir pour être entièrement ressemblants à Jésus, sans défauts et sans tâches dans notre comportement (c’est ce qu’on appelle la glorification).

Cependant, cela ne change rien à notre statut: nous sommes libérés du péché, nés de nouveaux, saints aux yeux de Dieu.

Les chrétiens sont saints aux yeux de Dieu

Cela colle avec ce que l’on voit dans le reste du Nouveau Testament. Lorsque les apôtres s’adressent aux chrétiens, ils ne s’adressent pas à eux en écrivant « à vous, les pécheurs de Colosses… ». Plutôt, ils s’adressent constamment aux chrétiens en les appelant « saints »:

…aux saints et fidèles frères en Christ qui sont à Colosses… – Col 1.2

…à tous les saints en Christ-Jésus qui sont à Philippes… – Ph 1.1

…aux saints et fidèles en Christ-Jésus qui sont à Éphèse… – Ép 1.1

Car c’est ça que les chrétiens sont: ils sont saints aux yeux de Dieu.

Oui, il est approprié de reconnaître le péché qui reste présent en nous. De plus, une conscience générale de nos manquements et du fait que nous nous approchons de Dieu par grâce est un signe de maturité chrétienne. Nous ne voulons pas prendre le péché à la légère, comme s’il n’était pas grave. La repentance fait partie de la vie chrétienne.

Cependant, ne nous arrêtons pas là. N’ayons pas un discours négatif qui ne rend pas honneur à la réalité de ce que nous sommes, et de ce que Dieu a fait pour nous en Christ. Nous sommes saints. Nous sommes justifiés. Nous faisons la joie de notre Dieu: ce Dieu qui nous pardonne et qui nous accepte, par pure grâce.

Article mis à jour le 26 février 2024 avec quelques modifications mineures.

Voici 3 prédications pour aller plus loin sur le sujet:

Benjamin Eggen

Benjamin est marié à Jessica et pasteur-adjoint de l’Église Protestante Évangélique de Bruxelles-Woluwe. Il a fait ses études à l’Institut Biblique de Bruxelles, où il enseigne ponctuellement. Il est l’auteur de plusieurs livres, dont Soif de plus? et Qu’est-ce que tu crois?. Vous pouvez le suivre sur sa chaîne YouTube.

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B. Eggen