4 mots-clés pour revenir à une vision juste de la sexualité

SexualitéÉthiqueHomosexualité et LGBTTransgenre

L’opinion publique sur la sexualité évolue à grande vitesse. “Il a fallu plus d’un siècle au mouvement homosexuel pour s’affirmer culturellement. La question de la transidentité, quant à elle, s’est imposée beaucoup plus rapidement en empruntant la voie tracée par le mouvement homosexuel.¹

Les frontières de ce qu’on définissait traditionnellement comme une activité sexuelle appropriée ont aujourd’hui presque disparu. Parmi les nombreux péchés interdits par le septième commandement, seuls quelques-uns sont encore généralement considérés comme négatifs aujourd’hui, et même ceux comme le viol, l’inceste et la polygamie peuvent trouver des défenseurs çà et là. Avant même de pouvoir comprendre ces changements culturels, nous sommes déjà emportés par les vagues.

En plus des pressions idéologiques exercées sur nous par une culture en mutation, nous devons gérer correctement notre propre sexualité. Nous avons besoin du témoignage clair de l'Écriture concernant la façon dont Dieu considère la sexualité, et la manière dont nous pouvons honorer son plan pour notre propre sexualité au milieu du changement des mœurs sexuelles.

Comment l’Écriture aborde-t-elle la sexualité?

Notre éthique sexuelle doit être fondée sur des bases plus solides que des opinions humaines qui varient. La nature, comme les Écritures, nous enseignent qu’il y a un Dieu qui a créé l’univers et qui nous communique comment son monde est censé fonctionner au mieux. Et ce Dieu parle beaucoup de sexualité.

Dès les premières pages de la Bible, Dieu nous montre qu’il approuve la sexualité. Après avoir doté Adam et Ève de parties du corps différentes, mais compatibles, il a déclaré: “Cela est très bon” (Gn 1.31). Dès le début, il a encouragé les couples mariés à être sexuellement actifs (Gn 1.28), tout en accordant la grâce aux célibataires de pratiquer la pureté sexuelle (1Co 7.7-8). Il est donc bon d’avoir des relations sexuelles dans le cadre approprié. Mais nous devons “fuir l’immoralité sexuelle” car le péché sexuel, en réalité, ne fait que détruire (1Co 6.18).

Rester intègre sur le plan sexuel a toujours été un défi. Mais actuellement, ce qui trouble le plus l’Église sont les questions au sujet de l’homosexualité et le transgenrisme.

Comment l’Écriture aborde-t-elle l’homosexualité?

Dieu reconnaît comme union conjugale légitime l’engagement et l’union exclusive d’un homme et d’une femme. Jésus le rappelle:

6Au commencement de la création, Dieu a fait l'homme et la femme; 7c'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère [et s'attachera à sa femme], 8et les deux ne feront qu'un. Ainsi, ils ne sont plus deux mais ne font qu'un.

Marc 10.7-8

L’homosexualité est un péché qui va à l’encontre du dessein de Dieu. Dieu a jugé la ville de Sodome parce que ses habitants s’étaient “livrés à l’immoralité sexuelle et à des vices contre-nature”; ils sont devenus un “exemple, subissant la peine d’un feu éternel” (Jd 7, cf. Gn 19). Dieu interdit aux hommes de “coucher avec un homme comme on coucherait avec une femme, car c’est une abomination” (Lv 18.22, cf. Lv 20.13). Il s’agit là d’une loi morale constante, expression du septième commandement par lequel Dieu interdit la fornication et la sodomie (1Tm 1.10). Ceux qui expriment des “passions infâmes” dans des actes homosexuels contraires à la nature, “retiennent la vérité prisonnière” (Rm 1.18, 26-27). Comme tous ceux qui laissent le péché les définir, ni “les adultères, ni les hommes qui pratiquent l’homosexualité… n’hériteront du royaume de Dieu” (1Co 6.9-10).

Comment l’Écriture aborde-t-elle le transgenrisme?

Chaque être humain possède une identité biologique dans l’un des deux genres, qui ont l’un et l’autre une grande valeur aux yeux de Dieu. Mis à part quelques très rares exceptions, l’identité biologique d’une personne est évidente en raison des caractéristiques anatomiques propres à son sexe. L’anatomie désigne notre sexe, ce qui détermine notre vocation. Tout compromis sur l’identité sexuelle porte atteinte à l’image de Dieu que nous portons. Même si l’Écriture est claire sur l’identité sexuelle, cela ne signifie pas forcément qu’il est toujours facile de s’épanouir dans le sexe qui nous a été attribué par Dieu. Les chrétiens qui ont une doctrine sérieuse de la dépravation doivent s'attendre à la dysphorie des genres et être prêts à y répondre par l'Évangile de la grâce.

Comment les chrétiens doivent-ils réagir?

Quatre mots-clés devraient guider les chrétiens dans ce détournement de l’éthique sexuelle et dans la gestion de leur propre sexualité.

La sainteté

Il n'y a probablement jamais eu de meilleure occasion dans l'histoire [occidentale] pour que les chrétiens se distinguent en matière de sexualité. La barre culturelle de la décence sexuelle est honteusement basse.

Le problème est que les chrétiens peinent à marquer une vraie différence dans ce domaine. Les chrétiens professants commettent l’adultère, forniquent, utilisent la pornographie et regardent des films à caractère sexuel. Une enquête suggère que 80 % des jeunes chrétiens célibataires ont déjà eu des rapports sexuels. Or, la volonté de Dieu est “votre sanctification: que vous vous absteniez de toute immoralité sexuelle” (1 Th 4.3).

Avant de juger le monde, nous devons nous juger nous-mêmes. Si les chrétiens ne sont pas saints eux-mêmes, ils n’ont rien à dire au monde. Et sans cette sainteté, nous ne verrons pas le Seigneur (Hb 12.14).

L’humilité

Un jour, Jésus a rencontré une femme prise en flagrant délit d’adultère (Jn 8.4). Cela devait être terriblement gênant! Mais à ceux qui voulaient la mettre à mort pour cette faute, Jésus a dit: “Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette la première pierre” (v. 7). Jésus n’a pas minimisé le péché de la femme. Il s’en est servi pour inviter tous les donneurs de leçon à réfléchir à leur propre vie.

Que tous ceux qui condamnent les pécheurs, et qui n’ont jamais eu de pensées impures, ni exprimé leur sexualité en dehors d’un mariage biblique, et dont le mariage reflète parfaitement l’amour intra-trinitaire, leur jettent la première pierre.

Nous sommes tous des pécheurs sexuels qui avons désespérément besoin de la grâce du Dieu qui nous aime. Le péché, qui nous met tous dans le même bain, devrait nous rendre humbles.

L’amour

Dieu nous appelle à aimer notre prochain comme nous-mêmes, sans regarder à son orientation sexuelle ou à son identité de genre. Nous devons dénoncer les paroles et les actes qui “rabaissent, insultent ou haïssent” les autres. Nous devons “être patients, aimer la paix, être doux, miséricordieux et aimables, […] protéger [les autres] du mal autant que nous le pouvons, et […] faire du bien, même à nos ennemis”2. Les chrétiens doivent accueillir les pécheurs sexuels “dans nos vies et nos cultes, les aimer, se lier d’amitié avec eux, les écouter, les enseigner, les avertir et les servir… Nous devons être chaleureux, respectueux et aimants pour démontrer que le christianisme biblique n’est pas un club d’hypocrites moralisateurs, mais une communauté de pécheurs repentants qui deviennent des saints. L’Église doit être sûre, non pas pour le péché, mais pour les gens qui pèchent”3.

Jésus acceptait et dialoguait avec les personnes qu’il rencontrait sans approuver leur style de vie4. On le connaissait comme l’ami des collecteurs d’impôts et des pécheurs (Mt 11.19). Ceux qui ont marché à sa suite ont eu la même réputation que lui. Les personnes qui luttent contre une attirance pour le même sexe ont besoin d’amis chrétiens fidèles. “Une personne victime de dysphorie de genre devrait être exhortée à répondre à ces sentiments de manière biblique et à reconnaître son sexe comme un appel à l’accepter, par confiance en l’amour de Dieu”5.

L’Évangile

Le péché sexuel –comme tout péché– est une attaque contre Dieu et nuit à l’épanouissement humain. Mais notre vision de l’Évangile est déficiente si nous dénonçons la déviance sexuelle, sans parler de l’espoir que Dieu offre à tous les pécheurs! “Dieu aime les pécheurs, qu’il s’agisse de païens immoraux (Rm 1.18-32) ou d’hypocrites religieux bien-pensants”6.

L’Évangile est une bonne nouvelle pour les homosexuels et les hétérosexuels, pour les transgenres et les cisgenres.

L’amour de Dieu a été manifesté envers nous en ce que Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui.

1 Jean 4.9

“La mort du Fils de Dieu est la seule parfaite satisfaction pour le péché, car elle est d’une valeur infinie, et abondamment suffisante pour expier les péchés du monde […] Cette promesse, ainsi que le commandement de se repentir et de croire, doivent être déclarés et proclamés à […] toutes personnes dans la promiscuité et sans distinction.”7

Tous les pécheurs sexuels ont besoin de cet encouragement:

À tous ceux qui reçoivent le Christ, Dieu donne le droit de devenir enfants de Dieu.

Jean 1.12


Notes:

1. Gender as Calling: The Gospel and Gender Identity (Pittsburgh: Crown & Covenant, 2017), p.1.
2. Catéchisme de Heidelberg, qq. 105 et 107.
3. Joel R. Beeke, Paul M. Smalley, One Man and One Woman: Marriage and Same-Sex Relations (Grand Rapids: Reformation Heritage Books, 2016), p. 72, 65.
4. Rosaria Butterfield, The Gospel Comes with a House Key: Practicing Radically Ordinary Hospitality in Our Post-Christian World (Wheaton: Crossway, 2018), p. 13.
5. Gender as Calling, p. 39, 42.
6. One Man and One Woman, p. 56-57.
7. Canons de Dordrecht, 2.3, 2.5.

Merci à Cédric Jung pour la traduction de cet article. Traduit de l’anglais, avec l'autorisation de l’Alliance of Confessing Evangelicals.

William Boekestein

William Boekestein est pasteur de l'Église Immanuel Fellowship à Kalamazoo, dans le Michigan, aux États-Unis. Il est également auteur de plusieurs livres dont L’avenir de toutes choses.

Ressources similaires

webinaire

De l'amitié au mariage: les 4 étapes de l'intimité

Ce replay du webinaire de Nicolas VanWingerden a été enregistré le 12 février 2020.

Orateurs

N. VanWingerden